Adieu Guy !

12 07 2017

Guy GIBEAU, lieutenant-colonel (ER), fantassin et camarade de la promotion « Capitaine de Belsunce » (1976-77) de l’EMIA est mort hier à Rennes.

En soins palliatifs, il a livré avec un courage magnifique, tel le combattant de Verdun, le dernier acte de son combat acharné de « défense ferme » pour contenir la mort qui montait à l’assaut de son corps martyrisé par plusieurs années de traitements et d’expérimentations.

Sans voix, dans son immense faiblesse, il a maintenu le lien avec sa famille et ses camarades par sms, l’outil tant aimé des jeunes qui le reliait encore aux biens portants dont il s’est inexorablement éloigné.

Qu’écrire pour lui dire adieu, lui qui avait accompagné du regard et du geste, la lecture de la dernière « Prière » – notre chant – lue de son vivant  par notre président venu à son chevet ?

Il n’était pas major de promotion, pas breveté, pas le plus gradé ou décoré d’entre nous, mais – beaucoup plus important – il a incarné dans l’ombre les vertus suprêmes de l’officier issu de nos rangs : l’esprit de service, l’endurance, la ténacité, la fidélité à ses origines, à son métier, à son arme, à sa promotion et à L’Epaulette dont il était un adhérent fidèle.

Je lui dédie, lui qui était croyant, la magnifique « prière » de Jacques Leclercq,  ci-dessous, telle un credo pour l’officier agenouillé qui se lève au commandement : « Debout ! ».

Ce camarade est maintenant devenu pour nous tous un ami, en mission dans le « grand ailleurs ».

Et l’image me revient, comme à ceux de notre promotion qui ont fait le voyage du Souvenir en Italie début juin dernier, de la « légende vraie » de notre parrain de promotion, tué sur les pentes du monte Cassino, hissé au sommet par ses tirailleurs marocains à qui il avait commandé de l’atteindre, « vivants ou morts ».

 » Je crois, oui, je crois qu’un jour, 

ton jour, ô mon Dieu,
je m’avancerai vers toi
avec mes pas titubants,
avec toutes mes larmes dans mes mains,
et ce cœur merveilleux que tu nous as donné,

ce cœur trop grand pour nous

puisqu’il est fait pour toi…

Un jour je viendrai, et tu liras sur mon visage
toute la détresse, tous les combats,
tous les échecs des chemins de la liberté.

Et tu verras tout mon péché.

Mais je sais, ô mon Dieu

que ce n’est pas grave, le péché,

quand on est devant toi.

Car c’est devant les hommes que l’on est humilié.

mais devant toi, c’est merveilleux d’être si pauvre,
puisqu’on est tant aimé !

Mais un jour, ton jour, ô mon Dieu, 
je viendrai vers toi.

Et dans la véritable explosion de ma résurrection,

je saurai enfin que la tendresse c’est toi

que ma liberté c’est encore toi

je viendrai vers toi, ô mon Dieu

et tu me donneras ton visage.

Je viendrai vers toi avec mon rêve le plus fou :
t’apporter le monde dans mes bras. 

Je viendrai vers toi et je te crierai à pleine voix

toute la vérité de la vie sur la terre,

je te crierai mon cri qui vient du fond des âges :

Père j’ai tenté d’être un Homme,

Et je suis ton enfant. »

 

 


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