Débat : Les impostures de la politique française de défense, un article du groupe « Les Arvernes » dans Les Echos
29 11 2016Tiré de : LES ECHOS Le 11/10 à 06:00Mis à jour à 14:39
LE CERCLE/POINT DE VUE – Il faut se donner des moyens budgétaires réels pour fournir à nos forces armées le financement adéquat permettant de recruter et d’équiper nos forces.
La vague d’attentats qui frappe la France, depuis janvier 2015, a remis au-devant de notre scène politique les questions de défense. Parallèlement, l’actualité internationale ne cesse de violemment frapper à notre porte et montre, s’il en était encore besoin, que notre monde est dangereux et instable. Certes, malgré la guerre froide, malgré la menace permanente de frappes nucléaires venues de l’Est et malgré les guerres coloniales, la France et son environnement géographique immédiat ont eu la chance de ne plus connaître de conflit armé sur leur sol depuis le 8 mai 1945.
Pourtant, les temps changent et le monde de la guerre est non seulement venu frapper à nos portes ces dernières années, en Libye ou en Syrie, pour ne citer que ces deux exemples, mais il s’est aussi réintroduit subrepticement sur nos territoires par l’intermédiaire d’un terrorisme d’essence islamiste en pleine dynamique nationale et internationale. Et ce n’est vraisemblablement qu’un début. Le retour de la guerre sur notre sol a clairement pour conséquence de nous obliger à restaurer un minimum d’esprit combatif et de préparer au mieux notre pays aux défis géopolitiques et sécuritaires qui s’annoncent.
Un ennemi, une stratégie et des moyens
Pour cela, il faut désigner l’ennemi clairement et le traiter comme tel. Le 26 juiller dernier, François Hollande nous assénait un solennel « cette guerre, nous la gagnerons », mais comment peut-on vaincre si notre volonté est sans cesse « amputée » par une idéologie qui tend à minimiser notre histoire, nos héros et notre héritage ?
Il faut ensuite élaborer une stratégie visant à nous faire gagner le combat et cesser de mélanger nos intérêts les plus stratégiques, que plus personne ne parvient d’ailleurs à percevoir clairement, aux théories interventionnistes de Bernard Kouchner, qui, comme pour la Syrie en 2013, voulait nous engager dans des aventures militaires dignes des pires bourbiers stratégiques de notre histoire. Gagner la guerre a un coût qui s’appelle appliquer le principe de réalité.
Enfin, il faut se donner des moyens budgétaires réels pour fournir à nos forces armées le financement adéquat permettant de recruter et d’équiper nos forces. Il suffit de se pencher sur le rapport de la Cour des comptes du 29 septembre 2014 pour voir à quel point la disponibilité opérationnelle de nos matériels militaires est faible.
Grand flou sur le budget et les effectifs
A rebours des affirmations répétées de nos autorités politiques, il faut surtout rappeler que la loi de programmation militaire 2014-2019, adoptée en 2013 et actualisée le 28 juillet 2015, prévoit la suppression de 33.675 emplois dans l’armée. Or, le gouvernement annonce sans cesse de nouveaux chiffres, affichant finalement 6.918 postes supprimés sur la période 2014-2019, puis 10.000 annulations de suppressions de postes, puis 800 nouveaux postes, sans que plus personne ne puisse, et c’est volontaire, véritablement comprendre de combien d’effectifs nous disposons dans les armées.
Dossier : le projet de loi de finances 2017
De même, le gouvernement annonce une rallonge budgétaire de 3,8 milliards d’euros à la Défense. Ces crédits sont étalés dans le temps et les deux tiers sont programmés pour après la fin du quinquennat de François Hollande. Un nouveau « bonus » de 418 millions d’euros est affiché pour 2017 par le ministre de la Défense dans le projet de loi de finances pour 2017, mais la vérité des prix du budget de la défense ne sera en réalité connue qu’au printemps 2017, lorsque les comptes seront clos et que la campagne présidentielle sera achevée. Le temps n’est plus aux Livres blancs et aux lois de programmation militaire sur vingt ans, qui sont en général remises en cause par le gouvernement suivant. C’est bien là l’essentiel pour le futur chef de l’Etat, quel qu’il soit.
Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, d’économistes, de professeurs d’université et de chefs d’entreprise.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.