Vous trouverez ci-dessous un lien hypertexte, renvoyant à un article paru dans le journal « La Tribune », consacré à une demande des armées d’un effort supplémentaire par rapport à ce qui est d’ores et déjà acté par le pouvoir politique, à savoir, une rallonge budgétaire de 3 à 4,5 milliards d’euros au total sur la période 2017-2019, soit entre 1 et 1,5 milliard de plus par an par rapport à l’actuelle loi de programmation militaire réactualisée au printemps 2015.
Commentaire d’un adhérent :
Même si cet effort budgétaire était suivi d’effet, il porterait la part de la Défense à 1,8 % du PIB, loin des 2% demandés par l’OTAN et le chef d’état-major des armées, le général de Villiers, que seuls trois pays membres de cette alliance remplissent à ce jour : les USA, la Grande-Bretagne et… la Pologne.
L’Allemagne et la Grande-Bretagne se réarment fortement (puisque leurs budgets dépassent, en 2016, celui de la France, (alors que la première n’a pas de forces nucléaires à entretenir et n’intervient pas militairement sur des théâtres extérieurs, se limitant à des actions de formations et à assurer de la logistique et la deuxième, si elle a une force nucléaire à entretenir, n’intervient pratiquement plus en OPEX depuis les guerres d’Irak et d’Afghanistan, d’où elle est sortie exsangue).
Non seulement, les engagements des armées françaises se sont multipliés (en particulier depuis les attentats), mais il ne faut pas négliger non plus les mesures de revalorisation de la « Condition militaire », lorsqu’on apprend que 100 000 militaires ont passé plus de 200 jours en opérations (extérieures et intérieures).
Certes, « c’est leur métier » » mais il convient de noter que :
ð «On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre », autrement dit, passé l’engouement initial de l’aventure, de l’action, il y a une usure du personnel, qui se fatigue, se lasse et peut-être l’objet de pressions de son entourage familial.
Or, si les conditions matérielles d’existence ne sont pas satisfaisantes, notre personnel quittera notre institution, nous devrons remettre de l’argent pour recruter et c’est au final, l’institution elle-même qui s’épuisera à recruter puis former des combattants et des techniciens (ne l’oublions pas), telle un puits sans fond et du coup très onéreux, parce pas assez « rentabilisé » (si vous me passez cette expression appliquée non pas aux hommes et aux femmes, mais au budget) .
On sait, à cet égard, que certains engagés perçoivent à peine l’équivalent du SMIC, alors même qu’ils sont censés donner leur vie pour le pays. Par ailleurs, n’oublions pas que 70% d’entre eux sont contractuels, ils sont, à l’heure du débat sur la loi sur le code du travail, en « CDD ».
Un rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), composé de personnalités extérieures à la Défense, de 2013 pointe du doigt la conclusion suivante : « Par rapport à un ménage de fonctionnaire civil de l’Etat, le niveau de vie moyen annuel du foyer militaire est inférieur de 18%, le revenu du conjoint étant lui inférieur de 33%. Par rapport à un ménage travaillant dans le secteur privé, la différence est de 21% pour les officiers, 11% pour les sous-officiers et 4% pour les militaires du rang. Néanmoins, le niveau de vie annuel d’un ménage dont la personne de référence est un militaire du rang est supérieur de 7% à celui d’un ouvrier ». La mobilité professionnelle appliquée fortement aux officiers et dans une moindre mesure aux sous-officiers explique vraisemblablement les chiffres, puisque les militaires du rang ne sont que rarement sujets à des mutations. Ainsi le conjoint ne peut-il développer un cursus de carrière lorsque l’un des deux est militaires.
ð il est de plus en plus demandé aux militaires en termes de formation professionnelle (militaire proprement dite et technique), que cela soit en termes d’entraînement « métier », d’endurance physique, morale et psychologique, d’examens professionnels toujours plus exigeants, de spécialisations pointues, de connaissance de l’anglais (tous les militaires ont, à des degrés divers certes, une connaissance de la langue anglaise, qu’elle soit technique, générale ou tactique), de représentation dans les cérémonies et autres parades toujours plus nombreuses (souvent le week-end, non « récupérés ») et alors même que les missions s’enchaînent sans qu’un temps de repos satisfaisant puisse être pris, faute d’effectifs suffisants au regards de l’ensemble additionné des missions assignées.
ð certes, les militaires bénéficient de 45 jours de permission, mais beaucoup d’entre eux ne peuvent les prendre en totalité, faute de temps ; or il faut savoir que ces jours non pris sont tout simplement perdus (ni payés car ce ne sont pas des congés, mais des « permissions »), puisqu’aucun « compte-épargne temps » ou dispositif approchant n’existe pour les militaires.
ð le général (2s) Margueron, l’ancien « major général de l’armée de Terre » expliquait au Conseil de la fonction militaire Terre (CFMT), la « parabole des 5 métiers de l’engagé de l’armée de terre ».
- Prenons ainsi le cas d’un pilote de char Leclerc : il va se former à piloter son engin (50 tonnes sur chenilles, 73 km/h, en tout-terrain, ambiance tactique, progresser en groupe, en peloton, en submersion, de jour, de nuit etc…), à en connaître les caractéristiques, la mécanique, l’informatique embarquée (18 ordinateurs)etc…
- Ce pilote va partir en mission sur un théâtre d’opération où il n’y a pas de char Leclerc de déployé, il va donc, outre sa mise en condition avant projection (MCP) de 4 mois comme tous ses camarades (secourisme de combat, tir aux armes individuelles, acculturation au théâtre, entraînement physique poussé, mises à jours des vaccins, dentition etc…), apprendre à piloter un char léger « Sagaie » ou un « AMX10 RC » (c’est le « re-rolling »). Ces deux engins ne sont plus sur chenilles, mais sur roues (la conduite est différente, le climat, le terrain, etc…)
- Une fois projeté, il pilotera cet engin, mais remplira d’autres types de missions, telles la garde du camp, où il devra connaître les consignes précises (conditions d’accès et de sortie des piétions, des véhicules etc…), la topographie de l’emprise à défendre et, en cas d’attaque, riposter avec son arme individuelle (et non plus le canon) du char.
- De retour en métropole, il prendra un court repos (2 éventuellement 3 semaines avec sa famille) après 6 mois d’absence, puis repartira, en métropole cette fois, patrouiller à paris, dans le cadre de l’opération Sentinelle durant 6 semaines et bientôt 8, dans un contexte et une mission totalement différentes de ce qu’il a l’habitude de faire, l’arme à la main, dans un état de vigilance absolue et un carcan de consignes volumineux.
- A l’issue de cette mission (fin mai par exemple), il sera désigné pour le défilé du 14 juillet, mais comme les chars Leclerc sont accusés d’abîmer le bitume de la « plus belle avenue du monde » et la défense n’ayant pas assez de crédit pour « regoudronner les champs », il défilera à pied, au terme de plusieurs jours d’entraînement.
- Rentré au quartier, il pourra être d’intervention dans le cadre du plan « Héphaïstos », mission de service public de lutte contre les incendies de forêt et se transformer en pompier dans le sud de la France.
- Enfin, il reprendra les exercices d’entraînement, car cela fera plus d’un an… qu’il n’aura pas piloté son char Leclerc, qui est sa raison d’être première ne l’oublions pas. La boucle est ainsi « bouclée ».
Évidemment, s’il veut monter en grade, il devra trouver le temps de préparer les examens et autres concours et, en toutes circonstances, entretenir sa condition physique pour satisfaire aux tests sportifs annuels, élément clé de sa notation.
Cette polyvalence à iso-salaire (équivalent à un SMIC, sauf en OPEX) est unique dans la fonction publique et même au sein des autres armées (Air et Marine dont les membres sont davantage « mono-tâches »).
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/defense-des-besoins-de-plus-d-un-milliard-par-an-supplementaire-entre-2017-et-2019-561593.html