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Chronique historique : 19 novembre

19112015

ERRATUM pour le 18 novembre1929 : lancement du sous-marin Surcouf. Une thèse fortement étayée attribue le naufrage à l’aviation américaine qui en menant une opération contre des U-Boot signalés autour du canal de Panama auraient pu couler par erreur le Surcouf. Lire Les sous-marins de 1914 à 1945 de Claude Huan. Merci au VAE Thierry d’Arbonneau et à M. F. C. (DSSF- Toulon).

19 novembre 1809 : bataille d’Ocana (Espagne).Le maréchal Soult remporte la victoire la plus brillante de toute la campagne d’Espagne alors qu’il dispose de beaucoup moins d’hommes que le général Areizaga (commandant l’armée de la Mancha -50 000 hommes).  Officiellement sous les ordres du frère de Napoléon, le roi Joseph, Soult manœuvre  parfaitement, utilisant l’artillerie du général Sénarmont et la cavalerie de Mortier. Cette victoire ouvre aux Français les portes de l’Andalousie et coute aux Espagnols plus de 12 000 morts.

19 novembre 1873 : prise de Hanoi (Tonkin – actuel Vietnam). Le lieutenant de vaisseau Francis Garnier s’empare d’Hanoi avec 200 hommes appuyés par l’aviso Sphinx et la canonnière Espingole. Ordonnée par le contre-amiral Dupré, l’expédition est désavouée par le gouverneur de Cochinchine après la mort de Garnier (21 décembre 1873).

19 novembre 1827: la troupe rétablit l’ordre à Paris. Sur ordre du ministre de la guerre, la troupe est chargée de rétablir l’ordre suite aux illuminations des façades de certaines maisons célébrant de manière anticipée la victoire du parti libéral aux élections législatives. Cela se passe sans aucun coup de feu sauf rue Greneta (Quartier du Marais), où le colonel Fitz-James croyant le 18ème de ligne sous le feu d’une barricade, commande une charge de cavalerie contre les émeutiers qui sont balayés. Le jeune rebelle Auguste Blanqui est blessé à cette occasion d’une balle dans le cou. Trois ans plus tard, la charge de cavalerie du 28 juillet 1830 sera enrayée par le jet de divers projectiles depuis les toits des immeubles. Les barricades seront désormais principalement réduites par l’emploi de tirs directs d’artillerie. Cela inspirera le Baron Haussmann dans la conception du nouvel urbanisme parisien.

19 novembre 1919 : le Sénat américain refuse de ratifier le traité de Versailles. Le refus est surtout dû à l’opposition républicaine au président démocrate Wilson plutôt qu’à la manifestation d’un mécontentement quant à la dureté du traité. Conséquence, les Etats-Unis n’intègrent pas la SDN puisque l’adhésion à l’organisation est liée à la ratification du traité de paix.

19 novembre 1941 : début de l’opération Crusader (actuelle Lybie). « visant à reprendre la Cyrénaïque aux forces de l’Axe, et à desserrer l’étau sur Tobrouk. Suite à l’échec de l’opération Battleaxe, après un été sans combat ainsi que l’arrivée du général Auchinleck, la 8th Army est réorganisée et se voit dotée de nouveaux chars (Valentine et M3 Stuart). Malgré un début difficile, les objectifs sont atteints ».   CNE J-B P. (COMLE)

19 novembre 1944 : la 1ère Division Française Libre du Général Brosset coiffe le Ballon d’Alsace (1247 mètres).

19 novembre 1946 : incident de Haiphong (Tonkin – actuel Vietnam). Une fusillade dans le port de Haiphong entre la douane française et des nationalistes vietnamiens transportant de l’essence de contrebande sur une jonque, dégénère et fait 24 morts dont le commandant Carmoin qui s’avançait avec un drapeau blanc. L’incident sert de prétexte pour bombarder (23 novembre) le port à partir de trois navires français (dont le Suffren). L’attaque fait environ 6 000 morts ! L’événement passe inaperçu en métropole et notamment du chef du gouvernement, le socialiste Léon Blum, qui n’en perçoit pas la gravité. Hô Chi Minh l’utilise le mois suivant pour déclencher l’insurrection, véritable début de la guerre.

19 novembre 1984 : soulèvement du FLNKS (Nouvelle-Calédonie).




Blog La voie de l’épée : un article prémonitoire du COL (er) Michel Goya

18112015

diffusé le dimanche 25 octobre 2015, soit plus de 15 jours avant les attentats

Le jour d’après la grande attaque 

C’est donc à peu près entendu, la guerre de la France contre les organisations djihadistes qui dure déjà depuis vingt ans durera encore sans doute au moins autant. Dans le cadre de cette lutte, il est à peu près certain aussi que la foudre, la grande, celle qui fend les montagnes, ne nous épargnera pas éternellement. Les attaques de 2012 et 2015 ont été dures et surprenantes, en fait surtout dures parce que nous, nos dirigeants en premier lieu, avons été surpris alors que de nombreux éléments indiquaient que cela surviendrait. On ne peut introduire la notion de résilience dans le livre blanc de la défense de 2008 et n’en tenir aucun compte, se féliciter régulièrement de déjouer des attentats et ne pas assumer que nous ne pourrons jamais tous les éviter. Ces attaques, et même celles de janvier dernier, qui ont provoqué beaucoup d’émotion, ne sont pourtant encore que peu par rapport aux dizaines d’attentats massifs et d’attaques dynamiques qui ont frappé diverses nations du monde depuis 2001. La première des responsabilités serait d’expliquer que cela arrivera très probablement sur notre sol dans les mois ou années à venir.
Cette grande attaque, par exemple sous la forme d’un commando venu de Libye éclatant en cellules autonomes de massacre au cœur de Marseille ou d’une équipe de snipers frappant les foules parisiennes une nuit du nouvel an…ou tout autre procédé pourvu qu’il soit stupéfiant, sera sans doute finalement bien traitée, c’est-à-dire contenue et réprimée, par les services de police. Le dispositif de l’opération Sentinelle, aura peut-être même cette fois une autre utilité que psychologique. Cela limitera les effets mais n’empêchera pas des dizaines, voire des centaines, de victimes et un immense choc. Tout cela a été parfaitement décrit par ailleurs, sur ce blog.
Il reste à savoir ce qui se passera le jour d’après. Quelle sera la réponse à ce qui, bien plus qu’en janvier, ressemblera vraiment aux attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ? La France faisant partie des ennemis privilégiés de plusieurs organisations djihadistes, il est probable que tout cela a déjà été anticipé. Les discours forts sont déjà écrits, les actions diplomatiques, les plans de mobilisation des forces de réserve, ainsi que les plans d’engagement des forces déjà prêts pour vaincre l’ennemi…
C’est de l’ironie. Il est probable qu’il n’en est rien. S’il y a bien un message que la France a envoyé après les attentats de janvier c’est bien qu’elle avait été surprise et qu’elle le serait encore plus en cas événements particulièrement graves. Car il ne faut pas confondre les réactions qui ont suivi, le déploiement précipité des militaires dans les rues de métropole comme on injecte une forte dose d’anti-dépresseur, la légère inflexion dans la réduction des budgets et des effectifs, l’engagement momentanée du groupe aéronaval dans le Golfe, la loi sur la sécurité comme des signes d’une réelle stratégie. Une stratégie suppose en effet la définition d’un chemin vers la victoire et la fin de la guerre, et ce chemin on ne le voit guère. Pourtant, quand on cumule tous les moyens engagées dans la « guerre » annoncée par le Premier ministre en janvier, nous sommes au niveau de l’« engagement majeur » (une expression pour justement éviter le mot « guerre ») prévu par le Livre blanc de 2013 et certainement contre l’ennemi prévu par ce même document, tout simplement parce qu’il n’y en a aucun (juste toujours la même liste de menaces). La confusion n’est d’ailleurs toujours pas dissipée, le même Premier ministre qui déclarait la « guerre » annonce maintenant de fait des actions de « police » en Syrie.
L’épée est donc déjà sortie mais pour quel effet ? Nous avons engagé deux brigades dans les rues de métropole afin de rassurer un peu les Français, nous tentons d’endiguer les organisations armées nord-africaines avec 3 000 hommes et quelques aéronefs en limite d’un sous-continent très fragile et de la taille de l’Europe, quant à nos 12 avions de combat au Proche-Orient, ils réalisent 3 % d’une campagne de frappes qui n’obtient que des résultats mitigés contre l’Etat islamique. Le moins que l’on puisse dire est que vu de Raqqa notre contre-djihad manque singulièrement de punch et nous sommes pourtant à notre maximum.
Quel sera alors la réponse stratégique si un commando de l’Etat islamique ou d’al-Mourabitoune parvient à tuer d’un seul coup à tuer autant de civils que le Lashkar-e-Toiba à Mumbai en 2008, soit dix fois plus qu’à Paris en janvier dernier ?
Il faudra alors d’abord expliquer aux Français, pourquoi dans ce pays qui produit 2 200 milliards d’euros de richesse chaque année, l’Etat a la plus grande difficulté à en dégager 62 pour assurer ses missions régaliennes, celles qui assurent la sécurité des Français avec une armée, une police, une système judiciaire et pénitentiaire, une diplomatie. Pire encore, il faudra expliquer pourquoi on a diminué en permanence ces moyens, pourquoi on a baissé la garde alors qu’on ne cessait de dire, y compris dans les documents officiels, que le monde qui nous entourait était toujours plus dangereux. Il sera alors difficile à la même classe politique qui a initié et organisé cette baisse de la garde depuis plus de vingt ans de persuader qu’elle est capable de porter le fer avec fermeté et efficacité contre l’ennemi. Que ceux qui ont provoqué le phénomène avec légèreté soit en mesure de le traiter avec gravité. Que ceux qui ont invoqué des contraintes extérieures pour ne pas agir, notamment européennes, soit capables d’un seul coup de s’y soustraire. Que ceux qui faisaient des affaires avec les monarchies du Golfe, y compris un ancien Président de la république et un ancien chef d’état-major des armées, n’ont pas fermé les yeux sur leur prosélytisme salafiste dévastateur.
La grande attaque sera peut-être le coup grâce, non pas de la France qui a résisté à bien plus, mais d’une certaine France. Le balancier permanent entre l’ouverture et la sécurité, pour l’instant oscillant, basculera largement du côté cette dernière dans un pays à cran. Les conséquences politiques internes en seront sans doute considérables, en particulier en période électorale. Les conséquences sociétales le seraient aussi, ce serait d’ailleurs peut-être un des objectifs de l’attaque. Il faudra gérer la crise autrement que par des slogans, des numéros verts et la désignation de « référents » antiracistes. Il faudra gérer des colères de tous côtés et on ne voit pas très bien comment cela évoluera.
Il y aura des conséquences aussi sur la vie internationale. Il sera difficile de ne pas réagir autrement que par des gestes symboliques ou de faible volume. Le problème est que nous n’avons pas vraiment les moyens de vaincre seuls une grande organisation armée comme l’Etat islamique. Non seulement nous avons réduit notre effort budgétaire, mais, en nous contentant de gérer, difficilement, le modèle de forces hérité de la guerre froide, et en raisonnant en termes de listes de menaces (« le terrorisme ») au lieu d’ennemis sur lequel nous modeler, nous avons un outil de défense apte à tout mais bon à vaincre aucun ennemi un peu important. A cet égard, la victoire au Mali ne doit pas faire illusion. Non seulement les groupes ennemis sur place ne disposait que de 3 000 hommes et si nous avons détruit leurs bases locales, nous ne les avons pas vaincus définitivement. Le combat continuait d’ailleurs, avant que nous décidions de nous en prendre aussi à l’Etat islamique, au moins vingt fois plus important en effectifs. Au final, nous tenterons bien des choses mais avec des moyens insuffisants en attendant, il faut l’espérer, ceux de la mobilisation mais qui viendront des années plus tard. En attendant, il faudra faire preuve d’intelligence, de ruse, et mener aussi une guerre implacable avec des moyens limités. On ne sent pas cependant l’imagination au pouvoir pour l’instant.
La direction de la France est aujourd’hui dans un entre-deux, en paix mais déjà- à force de petites réactions -dans un « engagement majeur », inhibée devant la qualification de l’ennemi (toujours « terroristes » jamais « djihadistes »), bloquée même devant la notion même d’ennemi préférant parler de criminels, coincée devant le mot « guerre » tel un gouvernement de 1939, soucieuse de ne pas déplaire à ses gros clients, acceptant- malgré les événements- la dégradation de ses instruments de puissance, s’avouant impuissante à trouver des moyens supplémentaires pour protéger les Français (sa mission première).
Ce brouillard ne durera pas. La grande attaque sera une épreuve terrible mais elle soulèvera le couvercle et permettra de constater, si nous sommes encore vivants ou déjà morts.

En savoir plus sur http://lavoiedelepee.blogspot.com/#08zDI8RlqdVLqSPJ.99




Interview du COL Michel Goya dans « Causeur » : Face à Daech, la riposte aérienne ne suffit pas

18112015

Auteur : Daoud Boughezala, rédacteur en chef

DB. Le chef d’état-major Pierre de Villiers estime que l’armée a les moyens d’assurer sa mission de sécurité sur tout le territoire. Mais les attentats du 13 novembre n’ont-ils pas révélé les failles de notre dispositif de protection et de renseignement (recueil et analyse des données) ?

Colonel Michel Goya. L’opération Sentinelle, consiste à protéger un certain nombre de sites et de zones sensibles avec un effectif déployé d’au maximum 10 000 soldats. Les armées, l’armée de terre en particulier qui en assure la plus grande part, sont effectivement capables d’assurer cette mission. Le but de cette opération est essentiellement psychologique, il s’agit de rassurer les Français par la présence visible de soldats et de montrer que l’on « fait quelque chose ». Dans les faits, cela est relativement peu efficace. Outre que, bien sûr, ces hommes ne sont pas déployés en permanence, ils ne peuvent assurer la sécurité de tous les lieux publics. Les soldats de l’opération Sentinelle ne protègent donc qu’une très faible partie de l’ensemble des zones susceptibles d’être attaquées. Ils le font d’ailleurs, par obligation de visibilité, plutôt en position de vulnérabilité par rapport à une attaque surprise.

Surtout, ce déploiement, à la fois forcément insuffisant et très important en volume pour une armée de terre dont on n’a cessé de réduire les effectifs, perturbe considérablement le fonctionnement des unités opérationnelles. On utilise des soldats couteux à former et à équiper pour effectuer des missions de vigiles alors même que leur mission première est de mener des opérations offensives contre l’ennemi hors des frontières. Vu de l’Etat islamique ou des autres groupes djihadistes ennemis, l’opération Sentinelle c’est des milliers de soldats « fixés » en France où il est relativement facile de les éviter au lieu de les avoir en face de soi.

L’opération Sentinelle ne pouvait donc empêcher les attaques du 13 novembre. On ne peut pas lui demander plus que ce qu’elle peut offrir en termes de sécurité. La véritable sentinelle c’est évidemment le système de renseignement, et, par principe, si les attaques ont pu avoir lieu c’est qu’il a échoué quelque part. L’enquête systématique menée après chaque attaque permettra de déterminer quelles ont été ses failles et quelles adaptations sont nécessaires.

DB : La multiplication des fonctionnaires armés (policiers, militaires, voire une future Garde nationale ?) limitera-t-elle vraiment le risque terroriste ?

Il y a un lien direct entre la densité d’hommes armés (et compétents dans l’usage des armes) au sein d’une population et la rapidité d’intervention. Ce n’est évidemment pas une garantie, ces hommes et ces femmes, comme celui qui était affecté à la sécurité de l’équipe de Charlie Hebdo, peuvent être aussi surpris que les autres par une attaque soudaine. Ils peuvent cependant ensuite intervenir plus vite et peut-être arrêter une agression ou au moins la freiner et la limiter en attendant l’arrivée des unités d’intervention. L’expérience des villes d’Israël où la première intervention armée, même limitée, contre une attaque est toujours très rapide doit nous inspirer.

S’il n’est pas question de libéraliser l’usage des armes, à la manière américaine (par ailleurs peu efficace pour empêcher les tueries), il est possible d’augmenter cette densité en augmentant bien sûr le nombre de policiers et de gendarmes dans les rues, ce qui supposera peut-être une réorganisation interne et en tout cas des recrutements internes. Une mesure simple, proposée depuis longtemps, consisterait déjà à accorder à ces fonctionnaires la possibilité de conserver leurs armes hors service. On peut imaginer aussi l’emploi, dans un cadre très précis, de sociétés privées ou bien sûr, celui de réservistes, le tout à la place notamment de militaires bien plus utiles ailleurs.

DB. Une dizaine de milliers de citoyens français seraient fichés S. Comme le préconise Nicolas Sarkozy, serait-il efficace de les assigner à résidence afin de prévenir de futures attaques terroristes ? Plus globalement, comment gérer les poudrières que sont certaines banlieues belges ou françaises ?

Il faut rappeler d’abord que les fiches S, comme « sureté », sont de simples notes d’information qui ne visent pas seulement les radicaux islamistes. Sinon, un des principes d’un Etat de droit est qu’on n’incarcère pas sans preuves. L’arsenal juridique français est sans doute suffisant mais il faut améliorer et notamment accélérer son fonctionnement. Cela passe avant tout par des moyens.

Pour le reste, il y a évidemment une reconquête à mener des « territoires perdus de la République » à la manière de la contre-insurrection. Cela ne peut passer que par une sécurisation forte et permanente de ces espaces, préalable indispensable au retour de l’Etat de droit.

Tout cela ne peut s’extraire d’un effort important sur les moyens des ministères régaliens, intérieur-défense-justice et diplomatie- ceux-là même qui assurent la sécurité des Français. La France ne leur consacre plus que 2,8 % de la richesse qu’elle produit chaque année contre 4,5 % à la fin de la guerre froide et 6,5% en 1960. Il est

DB; Ces derniers jours, la France a intensifié ses frappes aériennes sur Raqqa, le fief syrien de l’Etat islamique. Sans appui au sol, cette stratégie n’est-elle pas de la poudre aux yeux destinée à rassurer l’opinion ?

Les campagnes aériennes seules n’ont jamais détruit aucun ennemi. L’armée de l’air israélienne a réalisé plusieurs campagnes à plusieurs milliers de frappes contre le Hamas ou le Hezbollah sans que ces deux groupes soient anéantis, loin de là. La coalition contre l’Etat islamique en a réalisé plus de 7 000 en quinze mois, ce qui, comme c’était évident dès le départ, n’a eu aucun effet décisif. Il est, réalité, relativement simple, de se protéger de frappes aériennes par la dispersion, le camouflage, l’enfouissement, l’emploi de moyens civils ou l’imbrication dans les populations. On peut cependant améliorer la capacité de frappes et de raids en combinant des moyens variés comme les hélicoptères ou même des forces d’infanterie légère.

Pour autant, vaincre impose nécessairement d’occuper le terrain mais même cela ne suffit pas si ce qui fait que l’ennemi existe toujours. Détruire l’Etat islamique impose, au moins autant qu’occuper Raqqa ou Mossoul, de répondre au ressentiment et aux attentes des arabes sunnites.

DB; L’un des kamikazes de vendredi dernier serait un migrant syrien. Comment éviter l’afflux de terroristes parmi les migrants, sinon en fermant définitivement nos frontières, ce qui est inconcevable au sein de l’espace Schengen ?

Il est logique que les groupes djihadistes utilisent les flots de migrants pour pénétrer sur les territoires européens mais il existe aussi d’autres possibilités d’infiltration terroriste.




Chronique historique : 18 novembre

18112015

18 novembre 1645 : prise de Trèves par Turenne (Allemagne).

18 novembre 1803 : bataille du fort de Vertières (Saint Domingue, actuelle Haïti). Le général Rochambeau, envoyé (avec le général Leclerc) en 1801 à Saint Domingue par Napoléon pour reprendre le contrôle de l’ile, échoue face à la détermination des esclaves révoltés. François Capois et Jean-Jacques Dessalines, généraux de l’armée rebelle haïtienne, prennent d’assaut le fort dans lequel s’est retranché Rochambeau et ses 2000 hommes. Les combats sont extrêmement meurtriers des deux côtés. L’héroïsme de Capois force l’admiration de Rochambeau qui lui offre un cheval au cours des combats. Les survivants Français capitulent et selon l’accord conclu avec les Haïtiens, disposent de 10 jours pour quitter l’ile qui proclame son indépendance le 1er janvier 1804.

18 novembre 1839 : Djihâd contre la France (Algérie). Abdelkader reprend le combat et appelle au Djihad contre la France parce que les troupes du Duc d’Orléans (fils de Louis-Philippe) ont traversé ses terres en apparente violation du traité de Tafna (1837). Jusqu’en 1847, date de sa reddition, Abdelkader affronte les Français dans de rudes combats (Mitidja, Smala, Sidi Brahim, Isly) et acquiert la stature d’un chef à la fois militaire, politique et religieux. Respecté par les généraux Bugeaud et Lamoricière et plus encore par Napoléon III, il deviendra un allié de la France durant son exil à Damas et protègera même la communauté chrétienne maronite (juillet 1860) lors de l’insurrection des druzes musulmans.

18 novembre 1914 : les Allemands radiés de la Légion d’honneur. Par décret présidentiel.

18 novembre 1916 : fin de la bataille de la Somme. Trois mois et demi après son déclenchement le 1er juillet, la tentative de rupture du front dans la Somme est arrêtée, en raison des faibles gains territoriaux obtenus par rapport aux pertes subies. La totalité du terrain conquis sera d’ailleurs perdue en trois jours lors de l’offensive allemande du printemps 1918. Les britanniques ont perdu près de 400 000 hommes, tous volontaires et recrutés dans les Pals battalions (les « bataillons de copains », formés à partir de l’élan populaire créé par la propagande associée au comportement des Allemands en Belgique, sous le parrainage de Lord Kitchener), ce qui fait une moyenne de pertes deux fois supérieure à celle des troupes françaises à Verdun ! Les Français, agissant au sud de la Somme, ont perdu près de 200 000 poilus.

18 novembre1929 : lancement du sous-marin Surcouf (Cherbourg). Sous-marin de grande croisière de 3300 tonnes, le plus gros jamais construit à son époque, armé de 2 canons de 203 mm (identiques à ceux des croiseurs de 10 000 tonnes), emportant 126 membres d’équipage et même un hydravion biplaces, il possède, alors, la plus grande autonomie et le plus grand rayon d’action. Il est armé définitivement le 31 décembre 1931. En réparation à l’arsenal de Brest lorsque les Allemands envahissent la ville le 18 juin 1940, le Surcouf s’échappe in extremis et gagne Plymouth sous les ordres du commandant Martin. Quelques jours plus tard, le 3 juillet 1940, lors de l’opération Catapult (Mers el Kébir), les Britanniques le saisissent par surprise provoquant une fusillade à bord qui coûte la vie à 1 officier français et 3 britanniques. Il est ensuite intégré aux Forces navales françaises libres. Il disparait corps et biens dans la nuit du 18 au 19 février 1942, heurté accidentellement par le cargo marchand américain SSThomson Lykes en mer des Caraïbes alors qu’il se dirige vers Panama.

18 novembre 1941 : fin de l’opération Flipper (Libye), « aussi appelée le Raid Rommel. En préparation de l’opération Crusader, le N°11 (Scottish) Commando devait attaquer et neutraliser le PC du général Rommel à Beda Littoria et l’état-major de la division Trieste près de Slonta. L’opération fut un fiasco, Rommel ayant quitté les lieux quelques semaines plus tôt : 30 des 32 membres du commando ont été capturés ou tués ». CNE J-B P. (COMLE).

 




Chronique Historique : 17 Nov

17112015

17 novembre 1794 : début de la bataille de la Sierra Negra (Espagne) « opposant les troupes des généraux de Pérignon et Dugommier à celles du général espagnol de Carvajal. Cette victoire française voit notamment s’illustrer le chirurgien principal Dominique Larrey ». CNE J-B P. (COMLE).

17 novembre 1796 : victoire sur le pont d’Arcole (Italie). Commencée le 15, la bataille est remportée par Augereau. Bonaparte fait franchir l’Alpone à un petit détachement sensé faire diversion notamment grâce au bruit du tambour Estienne. Augereau profite du mouvement de panique causé chez les Autrichiens et franchit le fameux pont.

17 novembre 1854 : naissance d’Hubert Lyautey (Nancy). Maréchal de France, ministre de la guerre, académicien français, auteur du Rôle social de l’officier, bâtisseur du Maroc moderne. Adjoint du général Gallieni qui l’initie aux colonies. Mort en 1934. Sur Lyautey, lire Lyautey. Le ciel et les sables sont grands – Arnaud Teyssier

17 novembre 1858 : prise de possession de l’île de Clipperton (ou île de la Passion), « afin d’avoir une position stratégique face au futur canal de Panama. Les droits de la France n’y seront reconnus qu’en 1931 par l’arbitrage de la Cour Internationale, suite d’une contestation du gouvernement mexicain. L’un des intérêts actuels de cette île réside dans sa Zone Economique Exclusive ». CNE J-B P. (COMLE).

17 novembre 1867 : naissance d’Henri Gouraud (Paris). Adjoint de Lyautey au Maroc, général d’armée, académicien des inscriptions et belles lettres, commandant de l’armée du Levant et Gouverneur Militaire de Paris. Il a publié plusieurs ouvrages dont Souvenirs d’un Africain au Soudan. Mort en septembre 1946, il est inhumé avec ses soldats morts lors des combats de la ferme de Navarin. Sur Gouraud, lire tous les écrits de Julie d’Andurain et notamment La capture de Samory (1898).

17 novembre 1869 : inauguration du canal de Suez (Egypte). L’impératrice Eugénie inaugure le canal. Aboutissement d’un rêve et de travaux pharaoniques, le canal de Suez en raccourcissant le trajet maritime Europe-Océan indien accentue le caractère stratégique de l’Egypte.

17 novembre 1892 : la colonne Dodds s’empare d’Abomey (actuel Bénin). Le colonel français, Dodds, s’empare d’Abomey, la capitale du royaume d’Abomey ou Dahomey, mettant un terme à une campagne commencée à Dogba le 18 septembre précédent. Depuis plusieurs mois déjà, l’action colonialiste des français se heurtait aux visées expansionnistes du roi d’Abomey Glèlè. A la mort de ce dernier, son fils Béhanzin a pris la tête de la lutte contre les forces françaises où s’illustrent particulièrement ses 4 000 amazones qui infligent des pertes sévères à leur adversaire (à son arrivée à Abomey, la colonne Dodds a perdu la moitié de ses effectifs) dans une campagne marquée par une grande violence des deux parties. Le Dahomey est placé sous protectorat français le 3 décembre suivant et Béhanzin contraint de se rendre en janvier.

17 novembre 1941 : suicide du général Udet (Berlin). As de l’aviation allemande lors de la Grande Guerre, Ernst Udet fortement critiqué en interne pour sa mauvaise gestion générale de la Luftwaffe et en particulier pour l’échec de la bataille d’Angleterre finit par se suicider.

17 novembre 1983 : raid sur Baalbek (Plaine de la Bekaa – Liban).  Après l’attentat du Drakkar (23/10/1983), François Mitterand déclenche l’opération Brochet sur la caserne Cheikh Abdallah. Huit Super-Etendard décollent du porte-avions Clemenceau et larguent 34 bombes de 250 et 400 kg sur une position des Gardiens de la Révolution islamique et du Hezbollah. La caserne aurait été évacuée quelques minutes avant les explosions suite à une fuite française.




Deux points de vue sur les attentats du 13 novembre et l’islamisme radical

16112015

Pendant dix ans, il a animé le Pôle judiciaire antiterroriste. Marc Trévidic avait longuement parlé ; cet entretien est terriblement prémonitoire (vous reporter au numéro de Paris Match d’où est extrait cet interview).

Paris Match. Pouvez-vous estimer aujourd’hui le niveau de risque que courent les Français ?
Marc Trévidic :   La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’Etat Islamique l’ennemi numéro 1. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités. Ensuite, il est clair que nous sommes particulièrement vulnérables du fait de notre position géographique, de la facilité d’entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d’origine européenne, ­Français ou non, et du fait de la volonté clairement et sans cesse exprimée par les hommes de l’EI de nous frapper. Et puis, il faut le dire : devant l’ampleur de la menace et la diversité des formes qu’elle peut prendre, notre dispositif de lutte antiterroriste est devenu perméable et n’a plus l’efficacité qu’il avait auparavant. Enfin, j’ai acquis la conviction que les hommes de Daech [acronyme de l'Etat islamique] ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici. Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous. La vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé.

Pourquoi un constat si alarmant ?
MT : Nous avons en face de nous un groupe ­terroriste plus puissant que jamais. Bien plus puissant qu’Al-Qaïda à sa grande époque. L’EI, fort d’environ 30 000 «soldats» sur le terrain, a recruté plus de membres que l’organisation fondée par Ben Laden en quinze ans ! Et ce n’est pas fini. La France est, de fait, confrontée à une double menace. Celle du déferlement de ce que j’appelle les « scuds » humains du djihad individuel, ces hommes qui passent à l’action sans grande formation ni préparation, agissant seuls, avec plus ou moins de réussite, comme on a pu le voir ces derniers temps. Et celle, sans commune mesure, que je redoute : des actions d’envergure que prépare sans aucun doute l’EI, comme celles menées par Al-Qaïda, qui se sont soldées parfois par des carnages effroyables.

Disposez-vous d’éléments indiquant qu’on se dirige vers ce type d’actions d’envergure ?
MT : Ceux que l’on arrête et qui acceptent de parler nous disent que l’EI a l’intention de nous frapper durement. Il ressort de nos enquêtes que nous sommes indubitablement l’ennemi absolu. Les hommes de Daech ont les moyens, l’argent et la faculté d’acquérir autant d’armes qu’ils veulent et d’organiser des attaques de masse. Le terrorisme est une surenchère ; il faut toujours aller plus loin, frapper plus fort. Et puis, il reste «le prix ­Goncourt du terrorisme» à atteindre, et je fais là référence aux attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center. Je n’imagine pas un instant qu’un homme tel qu’Abou Bakr ­al-Baghdadi et son armée vont se satisfaire longtemps d’opérations extérieures de peu d’envergure. Ils sont en train de penser à quelque chose de bien plus large, visant en tout premier lieu l’Hexagone.

Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi la France ?
MT : Parce elle est la cible idéale ! Traditionnellement, l’adversaire numéro un du terrorisme djihadiste a longtemps été les Etats-Unis, mais les paramètres ont changé. Les Américains sont plus difficiles à atteindre. La France, elle, est facile à toucher. Il y a la proximité géographique, il y a des relais partout en Europe, il y a la facilité opérationnelle de renvoyer de Syrie en France des volontaires aguerris, des Européens, membres de ­l’organisation, qui peuvent revenir légalement dans l’espace Schengen­ et s’y fondre avant de passer à l’action.

Il y a aussi des raisons politiques, idéologiques ?
MT : Evidemment ! La France est devenue l’allié numéro un des Etats-Unis dans la guerre contre Daech et les filières djihadistes. Nous combattons par les armes aux côtés des Etats-Unis. Nous avons mené des raids aériens contre l’EI en Irak. Maintenant, nous intervenons en Syrie. De plus, la France a un lourd «passif» aux yeux des islamistes. Pour eux, c’est toujours une nation coloniale, revendiquant parfois ses racines chrétiennes, soutenant ouvertement Israël, vendant des armes aux pays dits         « mécréants et corrompus» du Golfe ou du Moyen-Orient. Et une nation qui opprimerait délibérément son importante communauté musulmane. Ce dernier argument est un axe de propagande essentiel pour l’EI. Nos forces armées sont aussi intervenues au Mali pour arrêter les islamistes, même si ce ne sont pas les mêmes réseaux. Ajoutons enfin que, en France, nous sommes depuis des années en première ligne pour combattre le “djihad global”. Longtemps notre dispositif antiterroriste nous a permis de porter des coups sévères aux terroristes et aux ­djihadistes de toute obédience.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?
MT : Non, la donne a changé. L’évidence est là : nous ne sommes plus en mesure de prévenir les attentats comme par le passé. On ne peut plus les empêcher. Il y a là quelque chose d’inéluctable. Bien sûr, on arrête des gens, on démantèle des cellules, on a de la chance aussi, comme on a pu le voir avec certaines affaires récentes, mais la chance ou le fait que les terroristes se plantent dans leur mode opérationnel, ou encore que des citoyens fassent preuve de grande bravoure, ça ne peut pas durer éternellement. Quant aux moyens affectés à la lutte antiterroriste, ils sont clairement devenus très insuffisants, et je pèse mes mots. On frise l’indigence à l’heure où la menace n’a jamais été aussi forte. Ces deux dernières années, j’ai constaté par moi-même qu’il n’y avait parfois plus d’enquêteurs pour mener les investigations dont nous avions besoin ! On fait donc le strict minimum, sans pouvoir pousser les enquêtes, sans «SAV», au risque de passer à côté de graves menaces. Les politiques prennent des postures martiales, mais ils n’ont pas de vision à long terme. Nous, les juges, les policiers de la DGSI, les hommes de terrain, nous sommes complètement débordés. Nous risquons d’«aller dans le mur».

Et le dispositif Sentinelle, qui mobilise des milliers d’hommes pour protéger des lieux symboliques, des sites sensibles, il n’est pas efficace ?
MT : Ce dispositif rassure la population. Mais, en fait, il déplace la menace. Cela n’évitera jamais que des hommes déterminés passent à l’action ici ou ailleurs. Si cela leur paraît trop compliqué de s’en prendre à un objectif sous surveillance, ils en trouveront un autre. Un cinéma, un centre commercial, un rassemblement populaire… Sentinelle, Vigipirate, on ne peut pas se permettre de s’en priver, la population ne le comprendrait pas, mais fondamentalement cela ne résout rien. Cela ne freinera pas les hommes de l’EI le jour où ils décideront de passer à la vitesse supérieure et de commettre des attentats d’ampleur. D’autant que nous sommes incapables d’enrayer leur montée en puissance constante. Nul doute que le groupe soit actuellement en train de bâtir les structures, les réseaux, de former les hommes pour concevoir des plans d’attentats de masse. Ils préparent le terrain pour pouvoir frapper fort.

Que penser, alors, de la nouvelle stratégie française ? Des ­premières frappes aériennes ont visé Daech sur le sol syrien. La France invoque un «droit de légitime défense» et dit vouloir cibler les terroristes à la base…
MT : Procéder à des frappes «extra-judiciaires» revient à se calquer sur le modèle américain. Cela fait des années que les Etats-Unis éliminent des chefs, des stratèges, des recruteurs au Yémen, en Afghanistan, en Somalie, mais sans affaiblir les groupes visés. Cela n’a jamais marché ! Je ne crois pas au bien-fondé de la stratégie française. Peut-on penser déstabiliser Daech et nuire à ses objectifs en éliminant des leaders, des «opérationnels» qui auraient été repérés ? Y a-t-il des chefs d’une telle importance qu’ils ne puissent être remplacés dans l’heure par d’autres hommes ? Rien n’est moins sûr. De toute façon, ils nous ont «dans le collimateur» et, de ce point de vue-là, ça ne changera rien ! Cela peut même avoir l’effet inverse que celui recherché en créant des «vocations». Si, d’aventure, il y avait quelques ciblages réellement pointus, le bras de la justice n’étant pas très long, j’aurais tendance à me dire qu’une petite roquette fera l’affaire ; mais, clairement, il n’est rien dans cette stratégie qui permette de renverser le cours d’une guerre contre une armée de terroristes et de la gagner.

La France a-t-elle la capacité d’affronter Daech?
MT : Les moyens dont disposent les juges en charge de l’anti-terrorisme sont aujourd’hui insuffisants. On pourrait presque dire indigents. Le nombre d’enquêteurs notamment est tout à fait insuffisant pour faire face aux menaces. Les experts judiciaires de la DGSI sont débordés. Nous n’avons pas les moyens humains pour recueillir des preuves, neutraliser des terroristes. Ici en France, un Etat de droit, on ne va pas se mettre à lâcher des drones pour éliminer de simples suspects. La force du système français a reposé pendant 30 ans sur la prééminence des juges, et leur capacité à établir des stratégies, à anticiper pour frapper en amont au meilleur moment, en synergie avec les services de renseignement. A la faveur des évènements du 7 janvier dernier, le pouvoir a décidé d’une loi donnant tout pouvoir au renseignement hors contrôle judiciaire. Il oublie une chose élémentaire : En France, ce sont les juges qui décident ou non d’arrêter les gens, de les mettre en garde à vue, de les placer en détention. Tout ce qui se décide sur la base de renseignements purs, hors contrôle d’un juge, n’a aucune valeur légale. Et le danger lorsque le renseignement tourne en roue libre, c’est qu’on intervienne trop tardivement… Notre système a été très efficace pendant des années parce qu’on intervenait très en amont, et en parfaite adéquation avec les agents de la DST. On récoltait des preuves et dès que quelqu’un menaçait de passer à l’action, le lendemain à 6 heures du matin, on lui tombait dessus. Jamais, jamais une personne surveillée judiciairement n’a pu passer à l’action, jamais ! On ne peut pas en dire autant de ces djihadistes affiliés à EI dont on s’aperçoit que tous ou presque ont fait l’objet d’une surveillance, donc d’une fiche «S», ce qui ne les a pas empêchés d’agir.

Pourquoi alors avoir fait cette loi?
MT : Le pouvoir exécutif veut avoir des services de renseignements tout puissants sur lesquels il a la main. Les juges spécialisés et leur liberté d’agir ont été écartés. C’est confortable pour un gouvernement, dangereux pour la société. Je crains que l’on en arrive de plus en plus à des méthodes extra-judiciaires, administratives, sans recours, arbitraires. Comme l’ont fait les Américains à Guantanamo. Ce chemin ferait selon moi le jeu de ceux que nous combattons en nourrissant les sentiments anti-occidentaux et anti-français.

Malgré la barbarie affichée, l’E.I continue à recruter, notamment Europe, comment l’expliquez-vous?
MT : Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce que j’appelle la «démocratisation du djihad». Dans une situation de crise économique et morale, leur maîtrise d’internet qui ne date pas de hier leur a permis de répandre leur idéologie sans que personne ne songe jamais à l’entraver au nom de la liberté. Ils touchent des proies faciles : ces gens qui n’ont plus de perspectives, de rêves, de caps, que la société de consommation a laissés en marge. Passer à l’acte ensuite n’est pas compliqué. Un billet d’avion à 200 euros pour la Turquie, et c’est fait ! Ceux qui partent croient laisser derrière eux leurs «emmerdements», s’imaginent qu’ils vont trouver une vie «exaltante».

On voit aussi de plus en plus de Français convertis verser dans l’Islamisme radical…
MT : C’est ce que j’appelle l’effet de mode. Ce n’est absolument pas rationnel. Le Jihad est devenu «branché». C’est fou à dire mais c’est vrai. Une gamine se met en scène sur Facebook avec une fausse kalach, ses copines suivent… C’est totalement déconnecté d’une quelconque réalité religieuse, mais une fois que ce pas est franchi, on rentre dans un processus de fascination, sans recul, on se prend au jeu, et surgit alors le risque de basculement. Tous ne partent pas pour les mêmes raisons, certains reviennent dégoutés, certains combattent, d’autres pas, certains se muent, formés par étapes, en terroristes potentiels. La faille essentielle de notre société c’est qu’elle offre un terrain favorable à une idéologie pouvant fabriquer des tueurs sans limites.

Sur quoi se fonde cette idéologie?
MT : Les djihadistes se présentent comme les seuls vrais défenseurs d’un Islam opprimé par l’Occident. C’est ce que j’entendais sans arrêt lors des auditions. Ils évoquent les guerres d’Irak, le conflit israélo-palestinien, sélectionnent les arguments pour légitimer leur action.

Est-on à l’abri d’une campagne d’attentats sur notre sol ?
MT : Non. Si l’on prend l’exemple des frères Kouachi, les auteurs de la fusillade de «Charlie Hebdo», ils étaient, au vu de ce que l’on sait, «en route» pour une campagne d’attentats. On y a échappé parce que, dans un accident de voiture, l’un des frères a perdu sa carte d’identité. C’est cela qui a permis de les identifier et de lancer la chasse à l’homme qui s’est soldée par la mort des deux terroristes, tués par le GIGN. Les Kouachi n’étaient pas partis pour une opération suicide ! S’ils avaient pu, ils auraient continué à frapper. Comme Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles, comme Merah… L’an dernier, j’ai fait neutraliser un réseau de djihadistes très dangereux qui voulait créer un commando de dix “Merah” autonomes, opérant simultanément sur l’ensemble du territoire. L’idée que nous soyons un jour confrontés à une ou plusieurs campagnes d’attentats majeurs ne peut être écartée. Ceux qui nous attaquent veulent nous faire le plus de mal possible. Et le faire dans la durée. Ils s’y préparent. Les Français vont devoir ­s’habituer non à la menace des attentats, mais à la réalité des attentats, qui vont à mes yeux immanquablement survenir. Il ne faut pas se voiler la face. Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone. Le pire est devant nous.

—0—

De Claude Roudeau, officier (ER) et excellent connaisseur de l’Islam

Ces horreurs étaient prévisibles, il y en aura d’autres. Pensons aux victimes et aux leurs…

Au-delà de ces drames, on peut cependant constater ceci :

- tout d’abord, que DAECH rend un immense service à la France : loin de l’affaiblir, ses électrochocs ne font que resserrer les indispensables liens d’unité et de solidarité nationales, quelles que soit les races, les convictions et les religions de ceux qui y vivent (y compris les musulmans de France dans leur grande majorité)

- qu’au niveau international, entre les décapitations télévisées et les meurtres de masse DAECH est en train de faire contre elle l’unanimité des Nations.

- que DAECH a déjà perdu, tout comme avaient perdu d’avance les Hitler et autres Staline avec des moyens bien plus considérables, et …beaucoup plus de morts sur la conscience…

- que, par ailleurs, DAECH tue beaucoup plus de musulmans que d’ »infidèles »…

- et que nous pouvons plaindre les malheureux égarés qui se laissent endoctriner par de mauvaises rencontres, réelles ou virtuelles, servies par un trouble caractériel naturellement porté à la violence, un passé de délinquant qui veut utiliser son expérience pour se refaire une vertu, ou, plus rarement, une vraie recherche spirituelle de dépassement de soi au service d’une cause…

Regrettons simplement que leurs indéniables qualités de courage et de don de soi jusqu’à la mort ne soient pas… mieux employées : sous nos armes, ils auraient pu devenir d’excellents soldats…

Un verset du Coran dit bel et bien que « tuer un homme, c’est tuer l’humanité entière« .

Les djihadistes ne peuvent pas le comprendre : « l’humanité »…ils ne savent pas ce que c’est !

Parce que cela les arrange, ils ne retiennent du Coran que les passages où apparaissent, hélas, les mots « tuer » ou « tuez-les »…

On ne leur a pas appris qu’un verset peut en abroger une autre, et qu’il faut savoir faire des parties mecquoise et médinoise du Livre une analyse historique et heuristique appliquée aux évolutions du monde…

Que la Lumière soit !

De convulsions en convergences, l’humanité évolue tout comme les plaques tectoniques et les éruptions du magma qui remodèlent l’écorce terrestre. Tel est le destin du monde.

C. Roudeau

 




Chronique historique : 16 Nov

16112015

16 novembre 1805 : combat de Hollabrunn (Autriche). Premier gros engagement de la campagne d’Allemagne entre Français et Russes. Ces derniers y perdent un tiers de leur effectif. Pour mémoire, la veille de la bataille d’Austerlitz, Napoléon rappelle à ses hommes leur beau comportement lors d’Hollabrunn.

16 novembre 1812 : bataille de Krasnoie (Russie, actuelle Ukraine). La retraite de Russie n’est pas encore un carnage. Isolée, la division Broussier, appartenant à l’armée d’Italie commandée par le prince Eugène de Beauharnais, est pratiquement anéantie, mais Davout puis Ney parviendront à forcer le passage à travers les forces russes pourtant d’une supériorité numérique écrasante. La survie de l’armée à Krasnoie tient au coup de bluff de Napoléon, qui pour montrer à Koutouzov sa détermination fait sortir sa garde impériale. Koutouzov craignant d’être engagé dans une bataille rangée, préfère reculer et continuer son harcèlement à distance. Le pari de l’empereur coute tout de même 6000 hommes.

16 novembre 1887 : condominium franco-anglais aux Nouvelles Hébrides (Actuelles Vanuatu – Pacifique Sud).  Les iles que l’on appelle aujourd’hui Vanuatu, sont découvertes en 1606 par le navigateur portugais Queiros qui les nomme Esperito Santo. Redécouvertes par Bougainville (1768) puis Cook (1774), elles sont appelées Nouvelles Hébrides jusqu’à leur indépendance en 1980. Ayant renoncé à s’affronter pour les coloniser, Français et Anglais instaurent une commission navale mixte chargée de contrôler en commun l’archipel (81 iles). La commission est composée de 4 officiers de marine (2 français et 2 anglais) assurant alternativement la présidence pour des durées de 1 mois.

16 novembre 1917 : le Tigre au pouvoir. « Georges Clemenceau devient président du Conseil et ministre de la Guerre avec un programme de guerre à outrance et gouverne jusqu’en janvier 1920. Son chef de cabinet militaire, général Mordacq, écrit : Nécessité d’y rétablir l’autorité du ministre qui n’existait plus. Tout le mondey commandait sauf le ministre. » LCL Rémy Porte (EMAT).

16 novembre 1920 : bataille de Sébastopol (Russie, actuelle Ukraine).La défaite de l’«Armée blanche» de Wrangel met fin à la guerre civile en Russie et consacre la victoire des bolcheviques et de Lénine.

16 novembre 1940 : création de l’ordre de la Libération par de Gaulle (Brazzaville). Décoration récompensant les actes de courage et services rendus à la cause de la libération, remise entre 1941 et 1946 à 1038 personnes dont 138 à titre posthume.




Chronique historique : 13 nov

16112015

13 novembre 1792 : combat d’Anderlecht (actuelle Belgique). Le général Dumouriez bat  les troupes impériales du prince de Wurtemberg et entre le lendemain dans Bruxelles.

 13 novembre 1805 : Napoléon s’apprête à entrer dans Vienne (Autriche). Venant de battre la troisième coalition, l’Empereur français est à Inkersdorf lorsqu’il apprend la prise de Vienne. Il court immédiatement et quasi seul à Schônbrunn où il se fait remettre symboliquement les clés de la ville que l’Empereur autrichien vient de quitter précipitamment.

13 novembre 1901 : La mission Hourst arrive à Tchong-King (Chine centrale). Le CV Emile Hourst (1864-1940) parti de Shanghai à bord de l’Olry, vapeur de 37 mètres, remonte le fleuve bleu (Yang-Tse) sur 3200 km. Franchissant plusieurs rapides, il accomplit un véritable exploit en seulement 22 jours, provoquant l’étonnement des Britanniques en observation. Quelques années plus tôt (1894-1895), en Afrique, Hourst commandait la flottille du Niger et avait participé aux opérations menant à la prise de Tombouctou. Il a publié Sur le Niger et au pays des Touaregs (1898).

13 novembre 1903 : création de Colomb-Béchar (Algérie). En souvenir du Général Colomb qui s’est illustré dans les confins algéro-marocains, le général Lyautey baptise le ksar de Béchar, Colomb-Béchar.

13 novembre 1914 : bataille d’El Herri (Maroc). Malgré les ordres reçus et les conseils de ses adjoints de ne pas attaquer le camp du chef Zayane (Moha ou Hammou), le LCL Laverdure lance une colonne de 1300 hommes depuis Khenifra sur El Herri. A peine attaqué, le camp reçoit les renforts des tribus alentour. Les pertes sont énormes : deux tiers des officiers (39) et la moitié des hommes du rang (plus de 750) sont tués. Le LTN Brasillach, père de l’écrivain R. Brasillach (fusillé en 1945) figure parmi les morts. Lyautey a écrit que si Laverdure n’avait pas été tué dans l’opération, il aurait dû être traduit en cour martiale. Le désastre est tant humain que psychologique.







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