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Chronique historique : 13 février

13022015

La chronique historique sera suspendue pendant la semaine du 16 au 20 février.

13 février 1692 : massacre du clan Mac Donald dans la Glencoe (Ecosse).Le protestant Guillaume d’Orange ayant mis en fuite le catholique Jacques II, les chefs de clans catholiques écossais sont dans l’embarras parce que le nouveau roi leur offre l’amnistie en échange de leur serment.  Le chef du clan Mac Donald accepte finalement de prêter serment mais Guillaume d’Orange, blessé par le délai de réflexion utilisé, décide de faire un exemple. Il ordonne, par écrit,  à Robert Campbell commandant le régiment d’Argyll, d’exécuter les Mac Donald. L’ordre est d’autant plus odieux que ce régiment était hébergé pacifiquement par les Mac Donald depuis deux semaines dans la magnifique Glencoe. Le massacre de ces 38 catholiques (attaqués dans leur sommeil) fait scandale, y compris dans les rangs protestants. Une commission d’enquête, la même année, montre qu’autant les raisons que la manière sont condamnables et spécifie qu’un soldat ne doit pas obéir à un tel ordre. Aucune réelle sanction n’est cependant prise. Il faut noter que certains soldats ont refusé d’obéir, d’autres ont laissé s’échapper leurs victimes.

13 février 1772 : découverte de l’ile Kerguelen (Océan Indien). Le capitaine de frégate de Kerguelen commandant la Fortune découvre l’ île que l’on baptisera Kerguelen.

13 février 1917 : arrestation de Mata Hari (Paris). Margaretha Zelle, hollandaise dont le surnom malais Mata Hari (l’œil du ciel= le soleil) est devenu un synonyme d’espionne, est un agent double travaillant plus ou moins en dilettante pour les Allemands et les Français. Elle épouse un officier hollandais d’origine écossaise, Mac Leod, dont elle divorce après un séjour en Malaisie. Jeune femme romanesque, collectionnant les amants et ayant besoin d’argent pour son train de vie, elle est vite engagée par le service de renseignement allemand. L’agent H21 gagne alors Paris. Repérée par le contre-espionnage français, Mata Hari accepte de travailler aussi pour la France. Elle reçoit une mise en garde des britanniques tant son comportement devient dangereux pour elle. Probablement pour la punir de son double jeu, le service de renseignement allemand laisse intercepter un message secret qui la désigne clairement comme espionne. Son procès s’ouvre au moment où la France doute et cherche à se ressaisir. Cette affaire d’espionnage en est une occasion. Bien que l’activité d’espionnage de Mata Hari soit avérée, il semble que les informations communiquées par elle, n’aient pas eu grande valeur. Elle est fusillée à Vincennes le 15 octobre 1917 où elle affronte dignement son peloton d’exécution.

13 février 1945 : début du bombardement de Dresde (Allemagne). Dans la nuit du 13 au 14, 1300 bombardiers britanniques et américains commencent à larguer près de 4000 tonnes de bombes incendiaires sur une ville n’offrant pourtant aucune cible militaire ou industrielle d’importance. Le 15, à l’issue de l’opération, la ville est rasée et 25 à 35 000 personnes tuées. Avec les bombardements américains sur le Japon, celui de Dresde est le plus meurtrier.

13 février 1960 : explosion de la première bombe atomique française (Sahara – Reggane- Algérie). La France devient la 4ème puissance nucléaire avec cet essai (70 kt !).




Chronique historique : 12 février

12022015

12 février 1814 : bataille de Château-Thierry. Napoléon devance à Château-Thierry le corps russe de Sacken (12 000 hommes, en repli depuis leur défaite de Montmirail), grâce à un raid de la cavalerie du général Nansouty, délogeant par là-même le corps prussien de York (18 000 hommes).

12 février 1894 : prise de Tombouctou (actuel Mali). Le chef de bataillon Joffre entre dans la mythique « perle du désert ». Son premier geste est de faire inhumer avec les honneurs militaires les cendres du LCL Bonnier et de ses hommes (tombés à Tacoubao un mois plus tôt). Pour mémoire, c’est René Caillié qui est le premier français à entrer (1828) et revenir vivant (1830) de Tombouctou.

Lire l’article Proconsul à Tombouctou du LCL Jean-Louis Mourrut, RHA N° 154 (mars 1984) qui retrace l’action  de Joffre à Tombouctou.

12 février 1946 : mort de l’E.V Alain de Penfentenyo (Actuel Vietnam – Fleuve Donaï). Commandant une section de vedettes de débarquement (LCVP), il est mortellement blessé dans une embuscade lors d’une patrouille sur le fleuve Donaï près de Saigon. La Marine a donné son nom à l’un de ses commandos.

12 février 1965 : premier vol stationnaire du Mirage III V (Melun-Villaroche – Seine et Marne). Seulement 2 prototypes ont vu le jour pour cet avion à décollage vertical français. Capable d’atteindre Mach 2,03 (record qui tient jusqu’en 1995 pour ce type d’avion), sa production se révèle trop onéreuse et l’armée de l’air abandonne le projet.

 




Chronique historique : 11 février

11022015

11 février 1814 : bataille de Montmirail. Napoléon jette la Garde impériale sur le corps russe de Sacken, qui perd 7 000 hommes et remporte une nouvelle victoire. Le comportement héroïque des jeunes recrues (les « Marie-Louise ») formées à la hâte ajoute au retentissement de cette victoire. Montmirail sera le nom de la promotion de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr sortie en 1914 (avec dans ses rangs le futur Général Monclar) et qui perdra 60% de ses effectifs pendant la Grande Guerre, dont la moitié dans les deux premiers mois de la guerre.

11 février 1922 : naissance d’Hélie Denoix de Saint Marc (Bordeaux). Il entre dans la résistance en 1941 à l’âge de 19 ans et est arrêté en franchissant la frontière franco-espagnole en 1943. Déporté dans le camp de concentration de Buchenwald où il manque mourir (« j’ai trouvé le pire chez les autres mais aussi en moi »), il conserve malgré tout la soif de l’action et fait Saint Cyr. Légionnaire parachutiste, il effectue trois séjours en Indochine qui le marquent profondément : les rencontres (avec l’adjudant Bonnin), les combats (« l’entrée dans ces territoires où rôde la mort, oblige à se hisser à la pointe de soi-même »), le pays (« un monde féérique ») mais aussi l’abandon du village de Talung ensuite massacré par le Vietminh. Chef de cabinet du général Massu pendant la bataille d’Alger puis commandant au 1er REP, il entre en rébellion lors du putsch des généraux en avril 1961 (« Un homme doit toujours garder en lui la capacité de s’opposer et de résister »). Il se constitue prisonnier, ne rejoint pas l’OAS et est condamné à 10 ans de prison (« L’enfermement peut développer une force intérieure qui peut être plus grande que la violence qui nous est faite »). Gracié 5 ans plus tard, il est réhabilité dans ses droits civils et militaires. Ecrivain talentueux, et homme au parcours incroyable, son témoignage humble et courageux est à lire (Les champs de braises) tant il est structurant pour l’éthique du soldat français. Il a d’ailleurs préfacé l’ouvrage du général Benoit Royal portant ce dernier titre.

11 février 1992 : collision de sous-marins (Mer de Barents). L’USS Baton Rouge (SSN-689) percute le SNA russe K-276, de classe Sierra, qu’il piste au large de Severomorsk, à la limite (contestée) des eaux territoriales. Pas de victimes.

110215

 

 

 

H. Denoix de Saint Marc est décédé à 91 ans le 26 aout 2013. « J’ai essayé, sans jamais y parvenir entièrement, d’être digne des autres et de la vie. Je ne connais pas de vérité tranquille ».




Chronique historique : 10 février

10022015

10 février 1258 : prise de Bagdad par les Mongols. Hulagu Kahn, le petit-fils de Gengis Kahn, prend Bagdad après 2 semaines de siège, ce qui est court pour l’époque. La ville est détruite. La population méthodiquement massacrée à l’exception d’un certain nombre d’artisans qui sont déportés vers l’Altai. Houlagu utilise comme son grand père, la dissuasion par la terreur : il montre une telle violence qu’elle annihile toute velléité de revanche. Les pertes culturelles sont elles aussi immenses (la grande bibliothèque de Bagdad noircit de son encre le Tigre et l’Euphrate !). Le califat des Abbassides disparait aussi.

10 février 1763 : le traité de Paris met fin à la guerre de sept ans. Ne disposant pas du contrôle des voies maritimes atlantiques, la France n’a jamais pu fournir la logistique et les renforts indispensables au développement de colonies luttant contre une armée coloniale étrangère. La France se résout donc à abandonner à l’Angleterre, un domaine de 4 millions de km² (Canada, les Grenadines, le bassin de l’Ohio et du Mississippi,…) et peuplé de 34 millions d’habitants.  Le ministre de la guerre, le duc de Choiseul, décide alors de profondes transformations dans les armées pour à terme tenter d’effacer ce camouflet.

10 février 1814 : bataille de Champaubert (Marne). Une fois n’est pas coutume, à Champaubert, Napoléon attaque en ayant la supériorité numérique.  L’armée Russo-prussienne qui a envahi la France est pourtant deux fois plus nombreuse, mais Napoléon sait choisir l’heure et le lieu. Ayant détecté que l’armée de Blücher s’étire dangereusement et laisse son centre affaibli, il lance le maréchal Marmont (6000 hommes) contre le général Olufsiev (4500 hommes). Les pertes françaises sont étonnamment faibles (300) alors que celles des Russes atteignent 50% de leur effectif. Aux alentours de Champaubert, un lieu-dit  s’intitule toujours le champ des Cosaques pour rappeler le lieu d’inhumation sommaire des victimes de la bataille. Pour beaucoup d’historiens, c’est durant les guerres de la 6ème coalition et notamment durant la « campagne des six jours » (9 au 14 février) que Napoléon montre le mieux son génie militaire.  Malheureusement, le moral de ses maréchaux est atteint : jamais la France depuis la Révolution n’avait été envahie. Les victoires que l’Empereur remporte (demain à Montmirail) ne peuvent empêcher la coalition d’avancer vers Paris et ses grands subordonnés envisagent de le lâcher (Marmont et Ney notamment).

10 février 1941 : première opération aéroportée britannique (Italie). Un raid de 38 parachutistes détruit l’aqueduc Tragino dans les Pouilles. C’est d’une certaine façon l’acte de naissance officiel des SAS. Lors du largage, l’un des appareils a dû se poser près de la zone d’opérations à cause d’une panne et a attiré l’attention des Italiens. La zone étant mise sous alerte, le sous-marin britannique Triumph qui devait recueillir les commandos ne se présente pas au rendez-vous. Les SAS finissent par être tous arrêtés.

 

10 février 1941 : mort de l’espion Walter Krivitsky (Washington). Espion clandestin du GRU soviétique en Europe (Allemagne, Espagne,…), Krivitsky (de son vrai nom Ginsberg), fait défection en Octobre 1937, excédé par les purges staliniennes qui ravagent les rangs de l’armée et décide de collaborer avec le FBI et le MI5. Il est retrouvé mort une balle dans la tempe dans sa chambre d’hôtel. Communiste convaincu, il est envisageable qu’il n’ait pas supporté d’avoir trahi et se soit suicidé. Certains pensent qu’il a été tué par le NKVD. Il a publiéJ’étais un agent de Staline (1939).

 

10 février 1971 : mort du photoreporter Henri Huet (Laos). Né en Indochine d’un père français et d’une mère indochinoise, Huet s’engage dans l’armée française (1950) où il devient photographe. Rendu à la vie civile, il couvre le conflit pendant 20 ans pour Associated Press. Ses clichés sont très célèbres et font la une des magazines américains (Life notamment). Il reçoit le prix Capa en 1966. Il est blessé à Con Thien en 1967. L’hélicoptère dans lequel il embarque pour couvrir l’invasion du Laos par les forces sud-vietnamiennes s’écrase après s’être égaré au-dessus de la région montagneuse de la piste Ho chi Minh.




Chronique historique : 9 février

9022015

9 février 1842 : première installation des Français à Grand Bassam (Côte d’Ivoire)

9 février 1917 : les Allemands débutent les préparatifs de l’Alberich. L’Alberich est le nom donné aux préparatifs du repli stratégique des Allemands (à partir du 14 mars) sur la ligne fortifiée Hindenbourg. Subissant une pression trop importante sur le saillant que les alliés ont créé lors de la vaste offensive de la Somme, les Allemands détruisent méthodiquement et absolument tout ce qui pourra servir aux alliés après leur repli (maison, arbres, puits,…). Plus grave encore que les conséquences de cette vieille tactique de la terre brûlée : l’offensive d’Avril 1917 préparée de longue date par Nivelle pour exploiter la pression créée dans la Somme, ne tient pas compte de ce repli. L’offensive du chemin des dames sera un échec cuisant. Le nouveau front fait 50 km de moins et permet aux Allemands de redéployer une dizaine de divisions.

9 février 1930 : mutinerie au 4ème RTT (Tonkin – Yen Bay). Dans la nuit du 9 au 10 février, une compagnie du 4ème Régiment de tirailleurs tonkinois attaque la caserne et l’état-major de Yen Bay. Dirigée par N’Guyen Ai Quoc (futur Ho Chi Minh), l’insurrection est le résultat d’un long travail de sape du parti nationaliste indochinois auprès de sous-officiers et tirailleurs. L’attaque échoue en raison du loyalisme des autres compagnies et de la combattivité des familles des cadres français (une épouse est citée et décorée de la médaille des TOE). Ho Chi Minh en fuite est condamné à mort par contumace pour avoir fomenté la révolte qui a causé la mort de 11 personnes et blessé de nombreux civils. Il est arrêté quelque temps après à Hong Kong par les Britanniques. Après 6 mois de prison, il gagne l’URSS.

9 février 1943 : fin des combats à Guadalcanal.(Iles Salomon – Pacifique). Après six mois de combats acharnés, les dernières troupes japonaises évacuent définitivement l’île. Cette victoire coûte aux Américains 6300 des leurs, contre plus de 24000 aux Japonais. Elle confirme pourtant le redressement entamé avec la victoire aéronavale de Midway et enraye l’expansion japonaise vers l’Australie. Le réalisateur américain Terrence Malick en a fait en 1999 un film surprenant, La ligne rouge  (âmes guerrières s’abstenir) qui dénote par rapport au très traditionnel Les diables de Guadalcanal (1951) avec John Wayne .

9 février 1958 : opération Ecouvillon (confins algéro-mauritano-marocains). Une opération franco-espagnole rassemblant 14 000 hommes poursuit jusqu’à Smara les bandes armées de l’armée de libération du sud Maroc (qui revendique le Sahara occidental (Sahara espagnol) et la Mauritanie (dans le cadre du « Grand Maroc »), afin de stopper les raids de pillage dont est victime la population. 56 rebelles sont mis hors de combat pour 1 légionnaire français tué.

 




Débat : Enseigner la Défense ?

5022015

Enseigner la défense, que peut dire un militaire ?

par le GBR (2S) Paul MOREAUX

Le débat s’est à nouveau ouvert sur la nécessité d’un service civique obligatoire. Il est opportun de rappeler que les Maires ont déjà la possibilité d’engager leurs jeunes gens dans leur réserve communale de sécurité civile.
L’Epaulette publiait dans son N° 179 de décembre 2012, ce rappel sur l’existence des lois inappliquées, dont le but était justement de dire au jeune citoyen ce que la société attendait d’eux.
Mais ces lois demandaient aux maires d’agir avec leurs moyens et leurs ressources. C’est à dire de prendre leurs responsabilités. Peu l’ont fait, mais l’exemple de Gonfreville l’Orcher, cité dans l’article joint, montre ce que peut la volonté. C’est tellement plus facile, sous la pressions des événements,  de reporter la responsabilité sur l’État en demandant un retour au service civique obligatoire…
D’autres renvoient la réserve communale de sécurité civile (RCSC) à ses limites : elle n’est employable que sur le territoire de la commune. On peut répondre à cette objection qu’il suffirait d’autoriser le préfet du département à coordonner l’action des RCSC sur une zone de catastrophe.
Et les militaires ? Dans un autre article, nous rappelions qu’il existe un militaire chargé de la mise en œuvre des moyens militaires dans le cadre des plans de secours et de défense : le DMD. Il suffirait de lui adjoindre pour 1, 2 ou 3 ans, les officiers dont les armées doivent, au titre de la nouvelle LPM, se séparer. Ce serait un temps utilisé par eux pour se reconvertir et trouver un emploi, en même temps qu’ils planifieraient et qu’ils instruiraient dans les mairies et les écoles.

Enseigner la défense, c’est situer le citoyen à sa place de guerrier dans la société et non situer la place donnée au guerrier dans la société. Le dispositif d’enseignement de la défense mis sur pied à partir de 1997 vise justement la première proposition mais son application atteint la seconde.  

Avec la conscription, la France faisait le « triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté et de la République » (Annie Crépin[1]). En 1996, la France a modifié radicalement sa vision de la défense : le pays encerclé était devenu sans ennemis, presque sans frontière. Quand toutes les ressources de la nation pouvaient être mises au service de la défense en cas de menace sur les intérêts vitaux, il n’y avait plus qu’un budget restreint et, bientôt le livre blanc parlerait de sécurité nationale et de défense (le qualificatif de « nationale » ne s’y appliquant pas).

La loi 97-1019 du 28 octobre 1997 sur la suspension du service  militaire décide avec philosophie de répartir l’enseignement de la défense entre trois acteurs : le militaire, l’élu et l’enseignant. Le principe défini est logique quoique mal connu et il suffit de balayer les actions d’enseignement aux trois niveaux du parcours de citoyenneté pour s’apercevoir que sa réalisation, très inégale, mène souvent au rejet du jeune citoyen, guerrier par nature, ou à son renvoi vers un corps très réduit : les armées.

LA SUSPENSION DU SERVICE MILITAIRE, QUI  ENSEIGNE LA DEFENSE ?

Dans « de la République » Platon[2] dit que l’équilibre d’une société repose sur trois piliers : ses philosophes (comprendre : ses dirigeants), ses commerçants (comprendre : ceux qui font vivre  la cité par le commerce de leur travail, de leurs idées, de leurs biens, de leur argent…) et ses guerriers (comprendre : ceux qui sont en charge de la défense et de la protection de la cité). Lorsque la valeur de l’un de ces piliers change par rapport aux autres la société est déstabilisée.

Les sages qui ont décidé, avec l’accord du peuple français, de changer radicalement la nature du pilier « guerriers » en 1996 savaient très bien que l’affaiblissement qu’ils portaient à ce pilier allait modifier la nature même de la société. Les philosophes et sociologues de l’époque annonçaient la conséquence naturelle de ce changement : l’inconnu. La période de transition durera une génération (le temps que ceux qui ont été éduqués, sans connaître cette partie du corps des guerriers qu’est l’armée, arrivent au pouvoir). C’est donc vers 2025 que nous verrons le résultat de la décision prise par le peuple français en 1996.

Nos gouvernants, bien conseillés, ont décidé d’accompagner la période de transition d’un « enseignement de la défense ». Celui-ci a été confié à l’Education Nationale (choix en référence aux « hussards de la République »), aidée par les armées et l’IHEDN à travers les trinômes académiques. Un peu plus tard, ils ont modifié les lois qui régissent la sécurité civile et affirmé l’émergence d’une qualité nouvelle à développer : la résilience.

Le parcours de citoyenneté fait passer tous les jeunes Français par trois étapes chronologiques: l’apprentissage de la citoyenneté à l’école, le recensement militaire à la Mairie et la présentation des Armées en local militaire. Ce parcours est progressif et inégalement réparti : les Armées ont une simple action de couronnement d’un enseignement qui a accompagné le jeune de la communale à la terminale, la Mairie a le second rôle, celui d’indiquer au jeune ce que la société attend de lui, le poids principal repose sur l’école : enseigner la citoyenneté.

Donc, enseigner la défense, c’est positionner le citoyen dans sa société, ses règles et ses lois (l’apprentissage de la citoyenneté), lui montrer quelle est sa place de guerrier dans cette société (recensement militaire) et quelle est la place du guerrier dans la société (journée d’appel de préparation à la défense). En règle générale, le dispositif a été tronqué : la défense, c’est le rôle des armées, la mairie se contente souvent d’un rôle administratif (ce n’est pas toujours le cas), les écoles font l’enseignement de la citoyenneté par touches ponctuelles.

L’APPLICATION DU PARCOURS DE CITOYENNETE

Le contact des jeunes avec les armées : l’incompréhension qui suit une mauvaise préparation.

Les journées d’appel de préparation à la défense sont faites pour présenter le volet ultime de la défense, le dernier recours, son expression la plus exceptionnelle. Elles sont en réalité une découverte de la défense. Ce que les jeunes reçoivent comme message est à l’opposé de ce qui est souhaité. En effet, ils ne comprennent pas : « les armées sont  le sommet de la défense, leur emploi est l’expression du peuple face à un immense danger » ; ils comprennent : « les armées sont professionnelles, nous avons besoin de 20 000 jeunes par an pour un contrat de quelques années, c’est donc réservé à quelques uns qui ont les qualités requises ». Pour la grosse majorité d’entre vous, c’est simple : « nous n’avons pas besoin de vous ! »

La transformation de la JAPD en JDC (journée défense et citoyenneté) éloigne encore plus les armées des  jeunes citoyens.

Comparez à ce que les plus anciens ont connu : « le pacte de Varsovie nous menace, vous avez 20 ans, votre place est dans les armées pour défendre votre pays », et vous comprenez que cette société dans laquelle arrivent nos jeunes, ne les attends pas…

Le contact avec les mairies : souvent simplement administratif mais parfois bien pensé comme un accueil du jeune guerrier dans la cité.

Ce sont les mairies qui ont pour mission d’intégrer les jeunes dans la société et plus particulièrement les « guerriers ». Dans le parcours de citoyenneté, cela s’appelle : « le recensement militaire ». Son expression la plus simple est l’obligation de passer en mairie à l’âge de 16 ans pour se faire inscrire sur le registre de recensement. La plupart des mairies se contentent du minimum mais d’autres l’ont pris différemment.

Connaissez-vous la loi d’août 2004 sur la rénovation de la sécurité civile ? Ou celle d’août 2005 sur la réserve communale de sécurité civile ? Connaissez-vous Gonfreville l’Orcher ?

La loi d’août 2004 rappelle aux citoyens qu’ils sont responsables de la sécurité des autres citoyens et aux Maires qu’ils sont responsables de la sécurité de leurs concitoyens. Elle enjoint aux Maires d’élaborer un plan communal de sauvegarde pour être en mesure de réagir aux accidents climatiques et technologiques.

La loi d’août 2005 définit le droit pour les maires d’organiser une réserve communale de sécurité civile. Lors d’une catastrophe, les professionnels agissent selon leur spécialité, mais les besoins sont tels qu’il faut énormément d’acteurs d’environnement (déblayage, guidage, regroupements, évacuations, recensement…). La réserve communale de sécurité civile, c’est donc cette masse de citoyens, préparés et encadrés qui aideront les professionnels à exercer leur art et les déchargeront des tâches nécessaires mais annexes à leur métier. Cette réserve est bénévole, la loi garantit une assurance aux réservistes (et à ceux qui les emploie) en cas d’accident.

Gonfreville l’Orcher est une petite ville normande très agréable, dotée d’une immense usine classée Sévezo II, bâtie en partie sur une falaise de craie susceptible d’effondrements, une partie de la ville peut être inondée et comme toutes les villes, elle est traversée par des véhicules dangereux. La mairie est tenue par des philosophes au sens civique et républicain très élevé pour qui les problèmes s’écrivent en équation : « Recensement militaire + plan de sauvegarde + réserve communale = période d’information et d’accueil des jeunes ». En juin, lorsque les jeunes des secondes sont assez libres (passage du baccalauréat), ils sont regroupés pour une période d’information. Ils découvrent les corps professionnels de la sécurité et de la protection, l’organisation des secours, de la Mairie…Ils touchent le matériel, discutent avec les professionnels et apprennent qu’on a besoin d’eux, que la ville les attend, qu’ils pourront entrer dans la réserve communale de sécurité civile où ils seront encadrés et participeront à l’organisation du secours de leurs voisins, amis et parents.

Voilà le message d’intégration. Dans une société qui développe la résilience, l’intégration du citoyen à la défense se fait à un niveau décentralisé. Ce maire n’est pas en contradiction avec la loi, il pousse à un niveau très élevé sa mission d’acteur de l’enseignement de défense.

Si tous les jeunes citoyens avaient reçu ce message, la journée des armées aurait signifié : «  à ceux qui veulent aller plus loin dans la défense de leurs concitoyens, nous offrons une opportunité exceptionnelle et limitée ».

Jeune citoyen en devenir à l’école : comme une œuvre impressionniste, des touches dispensées au gré de l’histoire, de la géographie et de l’éducation civique, juridique et sociale.

Parler d’enseigner la défense à un professeur de l’éducation nationale attire la réplique : « nous enseignons la citoyenneté, c’est à travers plusieurs années, plusieurs matières que nous allons forger un esprit citoyen qui sentira son devoir de protéger et de développer ce que ses parents lui ont légué. »

L’éducation nationale a très bien qualifié et programmé sa partie d’enseignement à la citoyenneté mais le guerrier est oublié, parfois méprisé…et l’histoire nationale a rejoint sa place dans l’histoire (encore balbutiante) de l’Europe et du monde.

MOT D’UN MILITAIRE

Il faut faire un effort pour séparer le monde dans lequel entrent nos jeunes et celui dans lequel nous, jeunes, sommes entrés. Nous étions les guerriers attendus dans une France encerclée qui soudait ses citoyens autour d’un résistant magnifique. Aujourd’hui, les jeunes entendent que nous n’avons pas besoin d’eux dans une France diluée au sein d’une Europe qui est à nous et à eux mais qu’ils saisissent mieux que nous.

Nous, les militaires savons à quel point l’Histoire est partiale et vise un but. Nous savons aussi que la géographie a toujours raison. Enseigner la défense, c’est aussi revoir l’histoire et la géographie. C’est aussi peut-être admettre que c’est la fin de la puissance des Etats nation.

Charlemagne est-il un empereur français ou allemand ? La carte de son empire ne nous renseigne guère. On y voit presque l’Europe des six. Évidemment, l’histoire des possessions territoriales appuie souvent les ressorts politiques et dans l’histoire de la France, nous voyons François 1er encerclé après l’échec du « camp du drap d’or », tendre la main à Soliman le Magnifique. L’armée multinationale de Fontenoy est cachée sous la dentelle de l’ « après vous Messieurs… ». La Révolution et Valmy nous pousseront vers la nation en arme et nos nations se massacreront.  Les guerriers qui ont fait les deux guerres mondiales ont écrit une nouvelle page de notre histoire d’Europe. C’est une histoire de paix que nous continuons d’écrire.

Lorsqu’on regarde la carte de l’Europe on est frappé de voir ses fleuves partir du centre et irriguer son étendue sans solution de continuité. Le bleu, présent dans la terre, l’encercle aussi et porte toute la logistique et les peuples qui se déplacent.

Et cette Europe a un esprit[3]  façonné par  l’humanisme et la démocratie. L’Europe se construit sans dirigeant fort, la loi de l’opinion publique s’y développe. Nous sommes très loin du résistant providentiel qui incarne la nation.

L’esprit de citoyenneté qui baigne nos jeunes est européen, si nous ne saisissons pas cela, nous ne comprenons pas les jeunes ni l’enseignement qu’ils reçoivent.

Acteurs de l’enseignement de la défense, nous avons un effort d’information à faire. « Nous ?», il s’agit bien sûr des militaires dont la parole s’est libérée par la grâce de la fin du service actif, pas de nos chefs ni de nos camarades qui, dans l’active font avec respect mais avec force, valoir la nécessité d’une défense moderne.

Nous ferons bien notre effort d’information en rappelant autour de nous, aux citoyens et élus que nous côtoyons, que la cité sans guerrier est une cité sans protection, qu’un jeune est guerrier par nature et qu’il a besoin qu’on l’accueille et lui dise sa place. Si ce n’est pas l’institution qui le fait, d’autres s’en chargent et animent des bandes ou des armées privées.

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[1]    Annie Crépin : la conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté et de la République ». Voir rubrique bibliographie.

[2]    Platon : De la république. Voir rubrique bibliographie.

[3]    Lucien Jaume : Qu’est-ce que l’esprit européen ? Voir rubrique bibliographie




Chronique historique : 5 février

5022015

5 février 1679 : traité de Nimègue. La signature du traité de paix marque la fin de la guerre de Hollande (débutée en 1672) qui a opposé la France (pour une fois alliée à l’Angleterre), aux Provinces-Unies et à l’Espagne. Après une phase d’opérations navales alternant désastres et indécisions pour les anglo-français de 1672 à 1673, l’invasion du territoire hollandais par Louis XIV provoque l’extension du conflit et la fin de l’alliance avec l’Angleterre.

5 février 1782 : prise des colonies hollandaises (actuel Guyana – Amérique du Sud). Le capitaine de vaisseau Kersaint de Coëtnempren, commandant la frégate Iphigénie prend, avec quatre autres bâtiments, les comptoirs de Demerara, Essequibo et Berbice que les Anglais avaient eux-mêmes  enlevés aux Hollandais.

5 février 1810 : prise de Malaga (Espagne). Le général Sébastiani prend la ville andalouse.

5 février 1994 : attentat au marché Markale (Sarajevo). Une violente explosion en plein cœur du marché Markale tue 66 personnes. Deux thèses s’opposent jusqu’à ce que le Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie tranche la question. Dès les premiers instants, les Musulmans accusent les Serbes d’avoir tiré un obus de mortier depuis les collines environnantes. Ces derniers, quant à eux, dénoncent une machination destinée à les faire accuser. Les responsabilités dans cet attentat n’ont officiellement été établies qu’en 2007 par le TPIY, qui a désigné le général Stanislav Galic (Bosniaque serbe) comme responsable de ce bombardement.




SHD : une conférence sur La guerre au siècle des lumières

5022015

050215

Le Service historique de la Défense vous informe de la conférence d’Hervé Drévillon et Arnaud Guinier (affiche :fichier pdf Affiche Guerre siecle Lumieres)

La guerre au siècle des Lumières le jeudi 12 Février 2015 à 19h00

Service historique de la Défense – Château de Vincennes – Avenue de Paris – 94306 Vincennes Cedex -www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr

Inscriptions avant le 10/02/2015 à l’adresse : lydie.mayeux@intradef.gouv.fr

Entrée libre mais inscription obligatoire







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