Chronique historique : 16 mai

19052014

 

16 mai 1364 : bataille de Cocherel (près d’Evreux). Les Anglos-Navarrais bloquent la vallée de la Seine qui est l’axe d’approvisionnement de Paris, alors que la situation politique et économique du Royaume de France est très précaire. Le roi Charles V, récemment couronné, envoi Bertrand du Guesclin dégager l’axe vital. Arrivant avec 2000 hommes devant Cocherel, il constate que l’ennemi, reprenant la tactique anglaise de l’époque, occupe une colline sommairement fortifiée d’où il attend que les Français fidèles à leur fougue, l’attaquent dans une charge suicidaire. Du Guesclin retient ses troupes qui souffrant de la chaleur et de la soif aimeraient en finir au plus vite. Conscient que l’attaque et l’attente sont dangereuses, il ruse et simule une retraite qui incite les Anglos-Navarrais à quitter leurs positions pour poursuivre les fuyards. Du Guesclin fait volteface et s’imbrique dans le dispositif anglais empêchant les fameux archers d’utiliser leurs armes. Un petit détachement déborde l’ennemi et capture leur chef, Jean de Grailly. La victoire assoit le roi de France sur son trône et donne une grande crédibilité au chef de guerre breton.

16 mai 1635 : la France entre dans la guerre de 30 ans. La France déclare la guerre à l’Espagne. Le même jour Richelieu crée 12 régiments de cavalerie dont le 2ème régiment de cuirassiers, dit Cardinal duc (dissous en 1991 à Reutlingen en Allemagne).

16 mai 1843 : prise de la Smala d’Abd el Kader (Algérie). Le duc d’Aumale (fils du roi Louis-Philippe) surprend le camp itinérant d’Abd el Kader et le charge d’emblée remportant une victoire inattendue. Abd el Kader, absent du camp sera fait prisonnier fin 1847. Il passera de nombreuses années en résidence surveillée au château d’Amboise.




Chronique historique : 15 mai

15052014

15 mai 1940 : 1460 soldats français tués ce jour. La 1ére armée repousse l’attaque du XVIème corps blindé allemand à Gembloux (Belgique) et le tient en échec pendant 72 heures. A Stonne (Ardennes), le combat est tout aussi furieux : le village change 19 fois de camps. Des poches vont y résister jusqu’au 25 mai. A la Horgne (Ardennes), ce sont les Spahis qui mettent un coup d’arrêt au général Guderian. Le résultat final de la campagne de France est certes un échec cuisant pour l’armée française et donne souvent l’impression que la combativité de nos forces y a été nulle. Cependant, le taux de pertes de cette période est tout aussi effrayant qu’aux mauvais jours de Verdun (1916) et la plupart des morts sont comptabilisées au combat et non lors d’une retraite.

 

 15 mai 1941 : l’espion Sorge annonce Barbarossa. L’Allemand Richard Sorge, espion à la solde des Soviétiques et en poste à Tokyo, transmet un message à Moscou révélant que l’invasion de l’URSS par le IIIème Reich doit être déclenchée entre le 20 et le 30 juin. Le renseignement est d’une grande valeur mais Staline n’y croit pas. Le 22 juin, Hitler déclenchera le plan Barbarossa.

 

15 mai 1943 : naissance du Comité National de la Résistance. Le CNR est constitué sous l’égide de Jean Moulin. Celui-ci parvient après plusieurs réunions secrètes et quelques compromis à déclarer la primauté du politique (de Gaulle) sur l’ensemble des mouvements de la Résistance intérieure.

15 mai 1945 : la France est désignée comme membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU (San Francisco)

 

15 mai 1958 : de Gaulle sort de son silence. La IVème République vacille sous l’effet de la menace d’un putsch de l’armée française en Algérie à l’occasion d’une manifestation patriotique qui dégénère à Alger (13 mai). Une majorité de pied-noir souhaite le retour de de Gaulle pour enrayer le processus d’indépendance de l’Algérie. Le général Massu prend la présidence du Comité de salut public né de l’insurrection algéroise et en appelle au général de Gaulle, l’exhortant à sortir de son silence.  De Gaulle déclare qu’il se tient « prêt à assumer les pouvoirs de la République ».  Le président de la République, René Coty, conscient de l’état d’esprit des Français, appelle le 1er juin, « le plus illustre des Français» à former son gouvernement




Chronique historique : 14 mai

15052014

14 mai 1509 : bataille d’Agnadel (Italie). Louis XII, roi de France, bat les Vénitiens au cours de l’une des très nombreuses guerres d’Italie. Le chevalier Bayard tout juste fait capitaine par le roi, s’y fait remarquer une fois de plus.

14 mai 1747 : bataille naval du Cap Finisterre (au large de l’Espagne). Les Anglais, très supérieurs en nombre, battent les Français qui escortent un convoi à destination du Canada.

14 mai 1807 : le sergent Chopot fait honneur au Génie à Dantzig (actuelle Gdansk – Pologne). Le général Lefebvre assiège Dantzig où se sont repliés 20 000 Prussiens et Russes depuis le 19 mars. En repoussant une tentative de sortie, les troupes du génie découvrent une mine en cours d’excavation sous les positions récemment acquises par les assiégeants. Le sergent Chovot fait prisonniers, seul, 12 Prussiens en plein travail de sape.

14 mai 1915 : le général Gouraud commandant du CE des Dardanelles. Le général de division Gouraud succède au général d’Amade et reçoit le commandement du corps expéditionnaire d’Orient (CEO) des Dardanelles. Un mois et demi plus tard (30 juin) il perd un bras suite à l’explosion d’un obus turc alors qu’il inspecte un hôpital de campagne.

14 mai 1940 : l’Allemagne déferle

- En Hollande la Luftwaffe bombarde Rotterdam (30 000 civils tués), les parachutistes allemands prennent les aéroports malgré des pertes sévères. La Hollande capitule le jour même.

- En Belgique, la 7ème Panzerdivision de Rommel est à Dinant et franchit la Meuse.

- En France, les Allemands percent à Sedan depuis le 13, grâce aux sapeurs. Leur pont flottant permet au général Guderian de faire franchir ses blindés qui séparent la IIème armée du général Huntziger de la IX de Corap. Côté allemand : décision, rapidité des ordres, des mouvements et belle coordination entre l’appui aérien et l’attaque terrestre. Côté français : la prise de conscience progressive des erreurs et manquements paralyse la chaîne de commandement malgré ici et là des actions de résistance héroïques, vouées à l’échec car non coordonnées.

14 mai 1941 : les aérodromes français de Syrie bombardés par les Britanniques. Une révolution de palais à Bagdad ayant porté au pouvoir un gouvernement pro-allemand, le contrôle des sources d’approvisionnement en pétrole est dangereusement menacé pour les Britanniques. Les putschistes irakiens, le carré d’or, demandent l’aide de l’Allemagne qui est alors engagée dans la campagne des Balkans et qui de plus ne dispose pas de suffisamment d’allonge stratégique. Sollicité par l’Allemagne, Vichy après quelques hésitations accorde le droit d’escale sur ses aérodromes en Syrie. Londres les fait bombarder le 14.

14 mai 1955 : création du pacte de Varsovie. En réponse à l’OTAN (avril 1949) et à l’intégration de la RFA dans l’Alliance Atlantique (oct 1954), les Soviétiques constituent leur propre alliance avec l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la RDA, la Roumanie, la Tchécoslovaquie.




Chronique historique : 13 mai

13052014

13 mai

image du balcon du gouvernement général d’Alger le 13 mai 1958 avec les généraux Salan, Massu,…

13 mai 1940 : la trouée de Sedan. La diversion faite par les Allemands en Belgique a fonctionné et leur permet avec le gros de leurs forces blindées et aériennes de faire effort sur la région de Sedan où les Français les attendaient le moins pensant les Ardennes difficilement praticables par les blindés. Dans la soirée du 13 mai, les premiers pionniers allemands franchissent la Meuse.

13 mai 1958 : le Coup d’Alger . Une manifestation d’anciens combattants a lieu à Alger à la mémoire de trois militaires du contingent faits prisonniers par les fellaghas et fusillés en Tunisie. Le 13 mai 1958 correspond aussi à la date d’investiture à Paris de Pierre Pfimlin que les partisans de l’Algérie française redoutent de  voir négocier avec le FLN. Profitant de la manifestation, ils donnent l’assaut au bâtiment du gouvernement général d’Alger sous la conduite de Pierre Lagaillarde et nomment un Comité de salut public. Le général Jacques Massu en prend la présidence. Deux jours plus tard, le général Salan fait acclamer le nom du général de Gaulle.




Débat Défense et coupes budgétaires : que va-t-il rester de la LPM ?

12052014

Le député UMP de l’Aisne, Xavier Bertrand, a accusé dimanche François Hollande et le gouvernement de préparer de nouvelles coupes budgétaires d’environ 2 milliards d’euros par an dans la Défense pour atteindre les 50 milliards d’euros d’économies. L’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a aussitôt réagi auprès de l’AFP en soulignant que « le ministère n’a pas été informé de la suppression de crédits budgétaires depuis le vote de la loi de programmation militaire 2014-2019 en décembre dernier ».
« Dans la réalité, les 50 milliards d’euros ne seront pas au rendez-vous », a mis en garde Xavier Bertrand, ancien ministre UMP, au Grande Rendez-vous iTélé – Europe 1 – Le Monde. Selon lui, « pour compenser les économies qui ne seront pas au rendez-vous, le président de la République et le gouvernement sont en train de préparer de nouvelles mesures qui sont pour l’instant secrètes ».  »Elles concernent des coupes budgétaires importantes sur le budget de Défense nationale. Ce qui est en train de se préparer, c’est une remise en cause de notre principe de sécurité nationale », a-t-il dénoncé.

« Ce serait une folie sans pareille »

« Ce qui est prévu, le monde de la Défense nationale le sait précisément, ce qui a été demandé, c’est de prévoir des coupes budgétaires de 1,5 à 2 milliards d’euros par an pendant trois ou quatre ans, de façon à pouvoir espérer atteindre les 50 milliards d’euros », a fait valoir l’ancien ministre UMP. Il a demandé à François Hollande et Manuel Valls de « confirmer ou démentir officiellement » ces éventuelles coupes. Pour lui, « ça toucherait dans ces conditions à notre puissance navale (…) la dissuasion nucléaire (…) et ça touche également à notre puissance aérienne ». « Ce serait une folie sans pareille », a-t-il mis en garde.

« Notre sécurité, notre défense n’ont pas à être sacrifiées parce qu’un président de la République s’est fourvoyé depuis deux ans », a fustigé Xavier Bertrand.

Pour compléter l’information, vous pouvez lire ci-dessous un article rédigé par le général (2S) Messana, membre du Club des Sentinelles de l’Agora.

Cet article a été rédigé avant l’annonce par M. Xavier Bertrand, sur Europe 1, d’une nouvelle ponction de 6 milliards d’Euros sur le budget de la Défense en sus des baisses déjà votées avec la loi de programmation militaire 2014. Cette information n’a pas été contredite ce soir par Manuel Valls au J.T. de TF1.  Il a, au contraire, affirmé que « la Défense  devait participer aux efforts » (sic).

Non, tout c’est pas possible !

Par le général Bernard MESSANA.

Les intertitres sont de l’ASAF                                                                           

L’armée de la Nation

Il y a des phrases que l’on n’oublie pas. Car elles offrent, avec des mots simples et bien ordonnés, une réponse claire à une question dont l’issue semblait confuse. C’est ainsi que j’ai gardé en mémoire une formule du Général De Favitski, énoncée en1974 devant les officiers stagiaires de l’Ecole de Guerre. Sachant leur esprit parfois aventureux, il les mettait en garde contre  l’idée de « vouloir bâtir l’Armée, en général, et l’Armée de Terre en particulier, à l’image de la Nation, alors qu’elle doit être seulement l’Armée DE la Nation, et qu’elle ne répondra aujourd’hui à cette finalité que si, précisément, elle n’est PAS à l’image de la Nation ».

Cette phrase m’est revenue à l’esprit à la lecture du texte de l’allocution prononcée par M. Le Drian, Ministre de la Défense, en Mars 2014, lors d’une cérémonie en hommage aux « Femmes de la Défense ». Parlant de « l’Armée de demain », que la loi de programmation actuelle s’attache à refonder, il déclarait : « Elle devra être exemplaire dans ses valeurs, dans ses pratiques, et notamment par sa capacité à intégrer les avancées de la société,- dont elle est le reflet-, et même à les favoriser ».

J’ai alors réalisé combien la spécificité du soldat pouvait être imaginée de façon parfaitement discordante. « Pas à l’image de la Nation » pour l’un,« reflet de la société » pour l’autre. Sans doute le soldat  se voit-il et se veut-il comme il sait qu’il doit être. Le politique, lui, rêve le soldat au travers de sa philosophie, de son éthique, tel qu’il voudrait qu’il soit. Ceux-là seraient-ils faits pour ne pas se comprendre ?

L’armée ne peut pas être le reflet de la société


Pour le soldat,
 c’est apparemment l’évidence. L’Armée ne doit pas, surtout pas, être à l’image de la Nation, un « reflet » de la société. Vous imaginez une Armée structurée par des syndicats, défendant ses droits acquis en faisant grève ? Vous imaginez la cacophonie d’une libération sans frein de la parole militaire, la paisible revue « Armées d’aujourd’hui »remplacée par un   hebdomadaire au titre insolent « Soldat lève toi ! ».Vous imaginez que le soldat, à  l’image des citoyens dits normaux, soit désormais avant tout soucieux de niveau et de qualité de vie, n’hésitant pas, si besoin est, à pratiquer la désobéissance civique ? Que des bérets rouges se mêlent aux bonnets rouges ? Qu’il ne soit plus, au fond, qu’un civil en uniforme…

A lui seul ce mot, « uniforme », devrait d’ailleurs vous détromper. L’uniforme, c’est la marque d’appartenance à un « ordre » particulier qui a ses codes, ses valeurs, ses pratiques, et fait fi de l’individualisme civil. C’est un « ordre » où l’on parle de « vocation », où l’on a soif de règle, de discipline, que le civil, lui, tient en général pour des servitudes.

Les soldats vous diront souvent que leur passion est de « Servir »,dévoilant ainsi cette sorte de feu sacré qui les anime. Servir leur Pays, la France. Servir la Nation. À notre pays, « mère des arts, des armes, et des lois », chaque régime a apporté sa pierre, et l’édifice est suffisamment beau, et grand, et majestueux, pour susciter le désir  et l’ardente obligation de le défendre qui habitent le cœur du soldat. Et donc l’acceptation du combat, l’éventualité de tuer, le risque d’être tué. Certains, orgueilleusement, parleront de l’acceptation du « sacrifice suprême ». D’autres, pragmatiques, évoqueront la « prise de risque » bien calculée, mais aussi le hasard malheureux ou l’erreur tragique, que l’intelligence des situations, un équipement adapté, et un sévère entraînement permettent  de réduire.

Et lorsqu’il songe à la devise de la République, – liberté, égalité, fraternité -, le soldat sait bien que la fraternité reste son énergie première. Sa liberté, il l’aliène en effet, sans marchander, au service du Pays. Quant à l’égalité, elle n’a que peu de sens dans sa famille rigoureusement hiérarchisée où certes tout individu mérite respect, Aldo vaut Hans, Ali vaut Charles-Albert. Mais, dit-on, « à chacun selon son travail », et la promotion interne, dans la société militaire, est à cet égard exemplaire : 70% des officiers, par exemple, sont issus du corps des sous-officiers. Ainsi le soldat pourrait avancer en souriant que, ardent et fidèle défenseur de la République, il sert une maîtresse exigeante qui se plait pourtant à le priver de ces droits particuliers – expression, association… – qu ‘elle accorde généreusement à d’autres qui, eux, souvent, la trompent, et parfois même la vomissent. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est la soumission apparente et volontaire du soldat qui fait sa grandeur, qui est son honneur. Il n’envie pas le civil.


Une communauté exemplaire aux yeux du politique


Le politique
, en charge de l’Etat, est-il conscient de ce « mauvais sort » fait au soldat ? Sans doute, mais ce sort ne lui apparaît pas « mauvais » ; il est celui qu’il faut que le soldat subisse pour servir avec discipline, loyauté, fidélité, « sans hésitation ni murmure ». C’est là d’ailleurs tout le sens que le Ministre de la Défense veut sans doute donner à ses propos en évoquant une Armée « exemplaire dans ses valeurs, ses pratiques ».Le politique, en fait, voit le soldat comme une sorte de sujet modèle, obéissant, disponible, fidèle et loyal, et pressent alors, – sans peut-être oser l’avouer -, que cette sorte d’homme ne sera « exemplaire » que parce que, justement, il ne sera pas citoyen à part entière. Dès lors, s’il est un« reflet » de la société, c’est un reflet trompeur. La société est diverse, éclatée, l’Armée est monolithique, uniforme.

Comment d’ailleurs imaginer que l’Armée puisse « intégrer », et même« favoriser » ces « avancées de la société » qu’évoque le Ministre ? Celles-ci, parfois déroutantes, ne sont le plus souvent que droits nouveaux arrachés, libertés conquises, souvent par des minorités ou des groupes de pression, quand les soldats, eux, se contentent, humbles et disciplinés, d’accomplir le devoir assigné. De plus, avec la suspension « haut et court » du service militaire, n’a t’on pas déchargé le citoyen normal, celui de la société civile, de toute obligation en matière de défense ? Et n’est-il pas piquant de constater que notre Armée n’a jamais été plus populaire  auprès des citoyens que depuis qu’elle ne leur demande plus rien ? L’Armée est devenue pour eux, – cœurs traditionalistes, mais esprits libertaires -, une sorte de communauté exemplaire, pétrie de nobles idéaux, pavée de toutes ces valeurs antiques qu’ils admirent, sans les pratiquer.

Défendre et protéger la Nation, c’est désormais une affaire de professionnels. Pour permettre aux citoyens de la société civile de vaquer à ces choses essentielles que sont l’économie, la politique, la culture, il faut donc des soldats non pas dans la Cité, non pas dans la société, mais autour, sur les remparts. Voilà sans doute pourquoi les dirigeants de tout bord qui se succèdent aux commandes de l’Etat s’ingénient à cantonner strictement le soldat dans ce qu’ils appellent le « cœur du métier », qui bat dans les guérites des remparts. C’est là en effet le meilleur, et même le seul moyen de garder le soldat à l’abri de toute contamination sociétale, de préserver sa « pureté » en quelque sorte. Et cela, le politique peut le faire sans état d’âme puisque le soldat est désormais un « volontaire »,qui ne réclame rien, et semble même se satisfaire du sort qui lui est fait.« Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste », chantent même les parachutistes ! Les voilà donc servis.


Le soldat, aimé des Français ne comprend plus le politique


Et pourtant… Et pourtant le politique ne devrait-il pas craindre qu’un soldat concentré sur le cœur de son métier, – le maniement du glaive et du bouclier-, n’en vienne, peu à peu, à se comporter en automate ? Et dans les circonstances présentes, un automate qui garde sa capacité de penser ne risque t’il pas de « s’encolérer » ? Pourquoi ?

Parce que le soldat ne comprend plus le langage politique. M. Valls, premier Ministre, ne l’a t’il pas d’ailleurs qualifié de « langue morte » ?

Alors le soldat ne comprend pas que le politique puisse décider de réduire drastiquement les effectifs militaires  alors même qu’il déclare que « les menaces se sont amplifiées ».

Le soldat ne comprend pas non plus qu’on puisse, pour réduire les déficits et alléger la dette, supprimer 70 000 postes à la Défense…et en créer 70 000 à l’Education nationale.

Comment un président de la République qui prétendait, en matière de Défense, « redonner à la France sa place et son rang » compte t’il y parvenir avec de telles amputations ? On pourrait, au risque de lasser, continuer la litanie des incompréhensions, et notamment rappeler le soixantième et dernier engagement du Président.

In fine, ce que le soldat ne comprend plus, c’est que l’on réduise ses moyens, alors que l’examen de faits particulièrement têtus en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe centrale, et tout simplement en France, indique qu’il serait sage, et avisé, de les accroître. Les termes d ‘« Armée bonsaï », d’ « Armée d’échantillons » agacent les responsables, dit-on, mais jamais leur emploi n’aura été aussi justifié. Au terme de la loi de programmation militaire (LPM), en 2019, ils traduiront  la réalité de notre Défense, sa « vérité vraie ». Et ceci alors que le discours sur la défense, lui, reste invariable, hardi, conquérant, suffisant même, disent certains, dénonçant ainsi l’illusion de la puissance qui embrume encore certains esprits.  Les prétentions utopistes ne changent pas, quand les moyens s’étiolent et disparaissent. Et chacun, selon son regard, de parler de mensonge, d’aveuglement, d’incompétence, d’irresponsabilité…


L’armée peut-elle se résoudre à obéir passivement jusqu’à disparaître ?


Et alors ? Et alors le soldat risque de réaliser que se suffire de sa condition d’automate, ne s’attacher qu’à « faire au mieux » comme le lui enjoint le CEMA, obéir perinde ac cadaver , c’est se résigner, inéluctablement, à l’impuissance.

D’ailleurs, tous les hauts responsables militaires qui se sont succédé depuis 2008 ont, devant les hautes instances du pays, dit leurs craintes, souligné les risques, montré les dangers, mis en garde. Les politiques sont restés de marbre, comme fascinés par les courbes du chômage, de la dette, du déficit public, qui constituent l’alpha et l’oméga de leur réflexion. Et puis, forcés se plier à de drastiques économies après avoir, pendant près de trente ans, dilapidé les ressources de l’Etat, ils ont, à tour de bras, taillé  dans les Armées, sachant que, ce faisant, ils ne risquaient ni grèves, ni révoltes, ni défaites électorales. Ils ont pris ce « risque de la faiblesse »que le Livre blanc stigmatise durement et justement chez les autres, sans réaliser que nous en sommes tout autant affligés.

On garde en mémoire la question angoissée aux parlementaires d’un ancien CEMAT, après qu’il ait décrit l’effarante réduction de nos Armées : « Est-ce bien cela que vous voulez ? », restée sans réponse. On a à l’esprit une phrase toute récente du CEMA, qui cette fois n’est plus une mise en garde, mais l’illustration de la résignation des chefs : si le budget prévu par la LPM devait être rogné, dit-il, « ce serait un autre projet. Tout est possible, simplement il faudra le dire ». Qui donc va croire  qu’ « ILS » vont se gêner pour le faire! Seul contre Bercy et les autres, dit-on, le Ministre mène aujourd’hui un combat d’arrière-garde, « arc-bouté »sur son budget gelé, résolu à sauver les « Rex » (ressources exceptionnelles), mais estimant désormais que l’action de nos services de renseignement permettrait « de dimensionner au plus juste notre force de frappe nucléaire ». Et qui donc va croire que cette très éventuelle « économie » restera dans l’escarcelle des Armées ?


Une clarification des rôles s’impose pour assurer à la France une défense pérenne

La réflexion s’achève. Au bout du chemin s’ouvrent d’autres pistes…

Celle de l’obéissance passive est connue. Elle mène inéluctablement au déclin, et surtout, ici ou là, à des défaites insupportables, suivies de sursauts, hélas trop tardifs. Est-ce cela que nous voulons ?

Celle de la fronde apparaît de plus en plus possible, voire souhaitable pour certains. Ceux-là disent par exemple qu’en 2012, une grève générale et dure des personnels civils et militaires chargés de la solde aurait vraisemblablement évité l’effarant scandale de Louvois. Mais la fronde peut aussi mener au chaos. Est-ce cela que nous voulons ?

Si l’on veut éviter ces deux pistes fatales, sans doute conviendrait-il d’en ouvrir une autre, en réalisant tout d’abord qu’une armée désormais professionnelle ne peut continuer à être conduite comme une armée de conscription. Le « pro » est un « engagé » à qui l’Etat doit des engagements, et notamment celui, en tous domaines, de ne pas le traiter au rabais, en valet muet et docile, car « tout n’est pas possible ».


Au politique de dire la mission, au soldat d’en réclamer les moyens nécessaires, et non de « faire au mieux » avec un existant insuffisant. Le métier militaire garantit la défense de la Nation, service public prioritaire. C’est donc le devoir du soldat de le défendre, avec l’âpreté et l’intransigeance qui conviennent, sauf à manquer à sa charge. 

Aux chefs et responsables militaires, par conséquent, de créer au plus tôt les cellules structurant un « corps » de défense dédié, et d’en activer les mécanismes, pour la défense du service public de défense.

Sinon ? Sinon, la « base »  s’en chargera. Et nous n’aurons plus à craindre la colère des légions, car il n’y aura plus de légions.




Chronique historique : 12 mai

12052014

 12 mai 1940 : première bataille de chars (d’envergure) de l’histoire (Hannut – Belgique). Le corps de cavalerie commandé par le général français Prioux (239 chars Hotchkis et SOMUA 35) donne un coup d’arrêt puis freine le 16e corps de Panzer du général Hoepner (674 Panzer I, II, III et IV). Cette bataille démontre la supériorité technique du char français sur les chars allemands (I, II et III) et la bonne connaissance des nouvelles tactiques d’utilisation des blindés en campagne par le général Prioux. Ce premier succès ne peut cependant pas être exploité faute de munitions suffisantes, de coordination avec l’infanterie et de l’ordre de replis donné afin d’éviter l’encerclement. L’action des Stukas sur l’artillerie française prive aussi les blindés de précieux appuis.
Les Allemands perdent 164 chars, les Français 105.
Il ne manquait au SOMUA 35 que la radio et une autonomie suffisante pour être le char parfait du moment.

Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Hannut




Chronique historique : 9 mai

9052014

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L’USS Lexington en mer de Corail en 1942

9 mai 1769 : bataille de Ponte Novo (Corse) La Corse est une possession de la ville de Gènes depuis le XIVème siècle. Les Génois considèrent l’ile comme une colonie à exploiter et finissent par irriter les habitants qui régulièrement se révoltent. La famille Paoli (le père, Hyacinthe puis le fils, Pascal) se fait un nom dans les luttes indépendantistes que certains patriotes corses mènent dès 1729 contre Gênes puis contre la France. Des troupes françaises font déjà garnison dans quelques villes corses à la demande de Gênes et avant même que celle-ci ne cède au roi de France la souveraineté sur l’ile (1768). Lors de la bataille de Borgo (fin 1768), le marquis de Chauvelin est battu par les hommes de Pascal Paoli, général et père de la Nation corse. Six mois plus tard, Le conte de Vaux débarque avec 24 000 hommes et bat les patriotes à Ponte Novo. La bataille, où les Corses se battent très courageusement, est un des symboles fondateurs de la lutte indépendantiste. Le père de Napoléon Bonaparte appartient à cette mouvance mais finit par se rallier à la France à la différence de Paoli qui s’exile 20 ans au Royaume-Uni. Napoléon nait quelques mois plus tard (15 août 1769). Paoli revient sur son ile à la faveur de la Révolution française et tout en étant un des hommes emblématiques des Lumières et de la Démocratie naissante, il s’oppose à la famille Bonaparte … avec l’aide des Anglais.

9 mai 1808 : le colonel Vincent-Yves Boutin quitte Toulon pour Alger. A bord du brick Le Requin, Boutin part en mission secrète pour le compte de l’Empereur afin de dresser la carte du littoral algérois.

9 mai 1940 : des commandos allemands interviennent en précurseurs sur les ponts du Rhin (Hollande – Belgique) Prélude à l’offensive allemande mettant fin à la drôle de guerre.

9 mai 1942 : bataille aéronavale de la Mer de Corail. Les Américains arrêtent l’expansion japonaise vers Port Moresby.




Chronique historique : 8 mai

9052014

JA

8 mai 1429 : Jeanne d’Arc libère Orléans. Galvanisés par la détermination de Jeanne d’Arc, les Français libèrent Orléans du siège anglais.

8 mai 1809 : combat de La Piave (Italie). Après avoir été surpris par l’archiduc d’Autriche Jean à Sacile le 16 avril, Eugène de Beauharnais précipite la retraite de l’armée autrichienne grâce à une habile manœuvre des généraux MacDonald et Dessaix. Beauharnais fait croire à l’archiduc qu’il franchira en force à Nervesa en massant la division Serras sur la rive. Il ordonne à Dessaix  de franchir discrètement  et d’établir une tête de pont pendant que les sapeurs construisent un pont. La surprise joue et permet à Beauharnais de repousser les Autrichiens.

8 mai 1859 : libération de Tourane (Da Nang – Vietnam). L’amiral de Genouilly et le lieutenant-colonel Reybaud délivrent la forteresse de Tourane assiégée par 9000 hommes.

8 mai 1942 : fin de la bataille de la mer de Corail. Grace à ses avions embarqués, la flotte américaine de l’amiral Fletcher défait une flotte japonaise qui s’apprête à envahir la Nouvelle Guinée.

8 mai 1945 : armistice à Berlin. Ayant refusé d’admettre la validité de la signature de l’armistice, la veille à Reims, Staline impose aux Alliés une 2ème signature à Berlin. Arrivé dans des conditions rocambolesques, le général de Lattre représente la France à la table des vainqueurs (après avoir fait coudre sur place le drapeau français, non prévu dans le protocole).

8 mai 1954 : Dien Bien Phu, suite et fin : « Après la chute du secteur principal, l’effort viêt-minh se concentre sur Isabelle dont la situation est sans issue. À la nuit tombée, le colonel Lalande tente bien une sortie, mais, immédiatement, ses éléments de tête sont pris à partie par l’ennemi et le gros des troupes se trouve mêlé aux bo doïs qui s’infiltrent de partout. À 1H50, Albatros ayant échoué, Isabelle envoie un dernier message : « sortie manquée, ne puis plus communiquer avec vous – Stop – Fin citation ». La bataille de Diên Biên Phu est définitivement terminée.  A la date du 5 mai 1954, 1 142 combattants sont déclarés morts et 1 606 portés disparus du côté français. 4 436 ont été blessés plus ou moins grièvement. Environ 1 161 déserteurs. À ce total, il convient d’ajouter les pertes des deux derniers jours de combat, évaluées entre 700 et 1 000 hommes. Au total, le Viêt-Minh capture donc un peu plus de 10 000 hommes, 60 % de ceux-ci mourront dans les camps viêt-minh, de malnutrition, de maladies, de misère physiologique. Quant aux pertes subies par l’armée populaire, les incertitudes portant sur les chiffres sont encore plus grandes. Si les chiffres de 25 000 tués et 12 000 blessés avancés par certains services semblent ne pas devoir être retenus, celui de 22 000 victimes, tués et blessés confondus, paraît proche des estimations faites par le 2e bureau du corps expéditionnaire et confirmées, officieusement, par certains officiels viêt-minh. Cependant, l’Institut d’histoire militaire du Vietnam, qui dépend du gouvernement vietnamien, ne reconnaît toujours, aujourd’hui, que 4 020 tués, 792 disparus et 9 118 blessés ». Cne Yvan Cadeau (SHD).

8 mai 1988 : décès de l’écrivain Robert Anson Heinlein (Californie). Officier de marine américain (né en 1907) diplômé de l’académie d’Annapolis, Heinlein est réformé à cause d’une tuberculose et après avoir passé cinq ans sous les armes. Il se consacre dès lors à l’écriture et notamment à la science-fiction. Il reçoit de nombreux prix littéraires internationaux et devient curieusement une référence à la fois pour la génération Beatnik (En terre étrangère – 1961) et le camp militariste américain (Etoiles, garde-à-vous! – 1959). Ce dernier ouvrage, exaltant la vie du soldat en campagne et l’héroïsme guerrier et citoyen, a été rendu célèbre assez récemment par le réalisateur Paul Verhoeven à travers la série parodique des films Starship Troopers. Auteur de l’Age d’or de la science-fiction, ses thèmes favoris sont l’accélération du progrès technologique, la décadence morale et culturelle, le contrôle mental des masses, …







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