Résultats Ecole de guerre
27 10 2012Quelques informations statistiques sur les résultats parus hier pour le COA (corps des officiers des armes) et les commissaires.
Ces résultats confirment:
- la stabilité des origines depuis la fermeture de fait de la filière SI (sciences de l’ingénieur) aux IA
- l’absence du CTA traduisant la difficulté de parcours imposée (accès unique aux filières SI et SHRI et épreuve tactique)
- le faible taux de féminisation quelle que soit la filière (3 sur 95 et aucune chez les commissaires)
- l’arrivée des OSCOA sur le « marché »
Depuis que la machine dominait l’ordre guerrier, comme le reste, la qualité de ceux qui avaient à mettre en oeuvre les machines de guerre devenait un élément essentiel du rendement de l’outillage (De Gaulle).
Faire l’éloge des « forces pugnaces » entretenir l’illusion que l’homme peut suppléer toutes les faiblesses de l’équipement est un discours totalement contreproductif.
On le voit lors des tensions sur le budget, lors des retours « en paix » le discours de l’Armée de terre plus centré qu’il ne convient sur la valeur de ses hommes lui vaut de servir de variable d’ajustement.
Il faut se souvenir que le radar Horizon utilisé pendant « desert storm » avait déjà été récupéré sur « le parc à ferraille » et que la caméra thermique utilisée depuis un hélicoptère pour détecter d’une journée sur l’autre par comparaison des images thermiques les fouilles de terrain et ainsi trouver les mines ou les IED faisait l’admiration de nos alliés;
ou encore que les premières mitrailleuses ont été utilisées à Gravelotte par des Officiers du STA et que les premiers chars sont partis de la STA du « trou d’enfer » directement au front,
pour comprendre ce que les sciences et techniques apportent au champ de bataille.
Sans officiers capables d’interagir entre les fonctions du champ de bataille et les capacités techniques du moment il est impossible d’amener à maturité et d’utiliser ces capacités.
L’éloignement de la carrière des scientifiques a de mon point de vue une seule cause, leur rangement dans la catégorie « officier expert ». Ce qui rend l’innovation difficile voire impossible et la carrière des scientifiques sans « aventures et sans sel » dans l’armée de terre.
Dans une période troublée (c’est le moins que l’on puisse écrire) par la réduction des effectifs et du budget, l’armée de terre aurait beaucoup à gagner avec un « véritable projet de modernisation »
Perdre ainsi sa composante scientifique, et cela ne date pas d’aujourd’hui, complique singulièrement son futur.
Avant la deuxième guerre mondiale on a pu en partie « réarmer en officiers compétents » au moment ou déjà les X fuyaient la carrière car alors l’instruction militaire était obligatoire dans les écoles d’ingénieurs et ont les a recruté directement au grade de Capitaine et plus pour tenter de maitriser l’outillage dont on peut dire aujourd’hui que c’est justement cette maitrise qui nous a manqué plus que le courage.
Demain cela ne sera plus possible, les conflits sont trop soudains. (même s’ils durent longtemps).
nota: pour la faiblesse du recrutement en sciences de l’ingénieur chez les IA il faut regarder les mesures prises entre 1990 et 2000. Et surtout réaliser qu’avec un vieillissement artificiellement installé à l’entrée on a peu de chance de redresser la situation.
Il est certain que la réduction du nombre de stagiaires « va dans le bon sens » quand on prévoit des baisses des tableaux. Déjà aujourd’hui on a plus de stagiaires TERRE à l’EDG que de postes de colonels. Pour autant, en tant que correcteur à la Revue d’études depuis plusieurs années, je crains que le besoin d’une barre de qualité ne soit pas qu’un artifice. Il faut en être conscients, le niveau baisse, notamment chez les scientifiques qu’on va chercher très loin dans les listes complémentaires pour honorer les places ouvertes. J’avais déjà fait ce constat comme commandant du CESAT en 2005 et avait attiré l’attention du CEMAT sur ce point à l’occasion de l’admission à l’EMSST/SI. Cette remarque ne concerne pas la tête de liste où figurent toujours des officiers de grande qualité.
Comment analyser la « barre de qualité » qui n’a pas permis d’honorer toutes les places disponibles ?
Le niveau est-il en baisse ou est-ce un artifice pour réduire le nombre de postes ?