Grrrrrr !
9 10 2012En complément du billet précédent, l’Épaulette considère que la « judiciarisation » des actions de combat n’est qu’une conséquence d’un problème plus vaste: la banalisation du « métier des armes ». Aussi, sans attendre les réactions du comité d’entente, auxquelles elle s’associera cependant, elle adressera dès le 10 octobre un courrier personnel aux parlementaires des commissions ad hoc.
Les points clefs de cette correspondance figurent ci-après.
A ce jour deux sujets occupent, au moins chez les officiers que sont nos adhérents[1], une place centrale et sont sources d’inquiétude : la banalisation de l’état et de l’action militaires et la baisse continue de la capacité opérationnelle.
- La banalisation de l’état militaire conduit à placer les hommes et les actions qu’ils mènent dans un contexte qui tend à faire disparaître le caractère singulier des situations qu’ils ont à gérer. Cette méconnaissance apparente des conditions et objectifs d’engagement est pour nous choquante voire blessante. Tout autant l’est la réduction progressive du rôle des armées à la simple mise en œuvre de moyens -on parle de « l’outil militaire »- alors qu’elles participent avant tout à la diplomatie de défense et doivent en servir la complexité.
- Quant aux orientations, dévoilées par la presse et précisées par le Ministre dans un message aux unités, qui viendraient durcir les efforts déjà accomplis pour la « modernisation » de la défense, nous y voyons deux risques pour notre capacité opérationnelle.
- Le premier est lié à la réduction même du modèle d’armée dont le chef d’état-major des Armées a reconnu devant les assemblées (Assemblée nationale et Sénat) qu’il atteint aujourd’hui un point de rupture capacitaire.
- Le second plus insidieux et encore plus difficilement réversible est l’érosion de l’attractivité du « métier des armes ». Elle est perceptible aujourd’hui bien que marginale. Elle pourrait menacer demain la valeur reconnue de nos cadres et de nos militaires du rang. En effet, la précarité bien réelle de la situation des militaires de l’armée de Terre (72% du personnel est contractuel), constitue déjà un obstacle au moment du choix du « métier ». Si à cette précarité et aux sujétions déjà évoquées s’ajoutent des perspectives de plus en plus réduites en termes d’intérêt et d’avenir professionnels, on peut craindre une baisse de la qualité de nos recrutements et ses effets sur l’efficacité de nos unités.
Ces préoccupations ne sont pas subsidiaires et sans conséquences pour une population dont on reconnait le sens du devoir, celui de l’intérêt général et qui est prête à accepter des sacrifices qui ne sont réclamés à aucun autre Français. Si les militaires ont une « vocation », il faut leur donner les moyens de l’assumer sans risque de faillir.
[1] 5500 Officiers de l’armée de Terre, de la gendarmerie et des services communs dont 3000 sont d’active.
La dérive est étrange entre le « droit de la guerre » et une extension du « droit du travail » qui pourrait venir à juger du bon emploi des moyens et dire la loi (sauf qu’elle n’est jamais totalement écrite s’agissant de la « prochaine »).
Il fût une époque ou seul le conseil de guerre pouvait juger du bon emploi des moyens mis à la disposition du chef des combattants.
Il y a quelques années (30 ans déjà) ayant à « travailler » sur un équipement d’infanterie j’ai reçu des prototype dont la distance d’armée était fixée par le comité hygiène et sécurité de l’industriel . Et bien entendu les distances retenues ne permettait plus l’emploi au combat de cet objet.
Ainsi aujourd’hui la guerre deviendrait un travail et des juges auraient compétence pour dire la loi qui s’applique à ce « travail ».
Sauf que la la fonction militaire et par essence immorale et déjà au delà des limites du droit, ce qui explique l’importance de l’éthique pour les militaires.
En effet faire la guerre c’est parfois tuer ou se faire tuer et ceci est par essence déjà au delà de la morale et encore plus du droit du travail.
Alors n’hésitons pas à réaffirmer et notre éthique et nos valeurs qui seules fondent « notre droit ».
Effectivement, cela peut faire peur. Mais dans le cadre de la judiciarisation, pensez vous qu’un chef tactique ayant donné des ordres après un processus complet de MEDO, en prenant en compte toute les données dont il dispose, ne faisant aucune impasse dans sa préparation mission, bref agissant tel le professionnel avec le sérieux nécessaire pour ce genre d’activité, sera, en cas de décès ou blessure d’un de ses hommes, jugé coupable au tribunal? Le juge étudiera tout les éléments, aura des spécialiste à ses cotés. J’ai vu un chef de corps en A-STAN se torturer l’esprit, et celui de son état major, pour réussir à remplir la mission reçue tout en préservant au maximum ses hommes. Un tel chef ne peut craindre le tribunal. Les preuves de son professionalisme sont incontournable, un juge digne de ce nom ne pourrait le condamner. Peut être que la judiciarisation pourrait amener une plus grande responsabilité dans la prise de décision chez certain…..et que certaines opérations devraient être plus murement réfléchies???