Pyramides, cylindres et autres cônes…
13 09 2012Puisque nous sommes soumis aux « diktats » de la géométrie, relevons le défi et réfléchissons un peu pour contribuer à l’éclairage de nos technocrates des rives de Seine.
Nous nous sommes livrés à ce petit jeu à l’occasion d’une réunion du bureau de l’Épaulette tenue hier.
Le premier point concerne l’impact structurel sur le solide.
Quand on « dépyramide », on réduit le taux d’encadrement, c’est la signification généralement retenue pour cette opération de RH. Ceci revient à rogner le haut de l’édifice sans trop toucher sa base. La pyramide est toujours là mais aplatie. Parfois on touche même à une face plus qu’à une autre, mais alors la figure devenant bizarre on évite d’en parler.
Le second point, connexe, concerne les effets fonctionnels de cette déconstruction.
Le haut de la pyramide est le plus complexe à édifier, certes il y a moins de pierres mais elles sont plus difficiles à hisser et les pierres d’angle, délicates à façonner (*) sont plus nombreuses. Combien de temps pour former un militaire du rang? Combien pour former un sergent, un lieutenant, un colonel?
Dans nos échanges d’hier, un de nous a rappelé le bon sens de nos camarades Allemands qui ont préparé les succès militaires qu’on a malheureusement connus en 1940 en formant leurs cadres, dans la discrétion et le respect des contraintes d’armistice, deux niveaux au-dessus du grade porté. Ainsi un sergent de la Wehrmacht avait acquis les compétences d’un adjudant, un lieutenant était au minimum capable de faire un bon capitaine… Ils ne s’étaient pas trompés de solide en « cylindrant » leur armée (**). Le moment venu, ils ont formé rapidement la base manquante, immédiatement bien encadrée par un « repyramidage » express…et on a vu le résultat!
Aujourd’hui, nous sommes engagés dans un processus quasi inverse (dont nous avons pourtant maintes fois constaté les effets, rappelons-nous par exemple la course effrénée aux 3500 sergents par an au début des années 2000 après avoir déjà fait l’expérience du « dépyramidage brutal ») qui nous placerait, si le moment venait, dans une situation délicate.
Toutes ces règles, séduisantes car faisant appel à des images simples ou à des formules couramment utilisées comme l’homothétie, sont perverses et masquent sous l’apparente facilité de leur mise en œuvre l’irréversibilité durable de leurs effets.
Ces opérations technocratiques menées à grands coups d’EXCEL ou autres BUISNESS OBJECT, oublient enfin une cruelle réalité que rappelait en permanence le général POULET à ses états-majors: « Derrière toutes vos décisions il y a des hommes, des femmes et des familles ».
Et c’est certainement là l’oubli le plus grave quand, par ailleurs, on est amené à exiger beaucoup!
(*) Un camarade de promotion (bien qu’il soit Saint Cyrien je m’autorise cette appellation!) m’a livré cette image en faisant remarquer qu’un outil s’appelait la « Polka »…et qu’on s’apprêtait peut-être à vouloir nous faire danser! Je note qu’un autre s’appelle le « Têtu »…
(**) Pour sourire encore malgré tout…Cette forme générée à partir d’un cercle correspond d’ailleurs mieux à le représentation visuelle des différentes strates de notre édifice, évite le mauvais esprit sur les faces et leur signification et peut évoluer en cône pour échapper au syndrome de l’armée mexicaine…Mais imaginez l’effet obtenu si on « décônait » et « recônait » nos armées…!
J’entends le silence assourdissant des chefs qui ne démissionnent pas. La soupe est bonne à Paris et la discipline militaire un bien pratique prétexte à l’immobilisme. De mon temps …
Imagine le CEMA,le CEMAT, les commandants de Régions et des EM de tous types s’invitant dans la cour de l’Élysée.
« Le rêve passe ». Du haut de ces pyramides, il n’y a plus grand chose à contempler.
Pour la petite histoire, le plumet du casoar remis aux bazars l’est dans un « cylindre ». Devrait-on en changer la forme?