Et maintenant que fait-on?
10 09 2012Ce billet reprend en partie la réponse à un commentaire récent portant sur le rôle des associations et l’immobilisme présumé des « généraux » (voir billet précédent).
C’est précisément parce qu’il n’y aura aucune réaction publique aux mesures touchant la défense (coupes prévisibles sur les effectifs et les tableaux) de la part des « patrons » des armées (statut oblige…mais peut-être aurons-nous un « démissionnaire »?), que les associations ont d’évidence un rôle à jouer.
En revanche, il suffit prendre le temps de lire le contenu des auditions de ces mêmes chefs d’état-major devant les représentants de la nation (commission de la défense de l’Assemblée nationale) pour se convaincre de leur engagement et de la clarté de leurs positions sur l’évolution de nos capacités et ses conséquences prévisibles tant au plan opérationnel qu’en ce qui concerne le personnel. Leurs moyens d’alerte et d’intervention sont moins visibles pour le grand public. Ils sont cependant réels et permettent de porter les vrais messages aux bons niveaux. Ils les utilisent largement même si leurs prises de position n’occupent pas la scène médiatique!
Pour leur part, les associations ont une plus grande liberté d’expression publique mais leur action comporte d’autres limites. La principale d’entre elles, pour les structures qui comme l’Épaulette regroupent des officiers d’active et des retraités, est que nous n’avons pas le droit d’ « envoyer au carton » nos adhérents d’active contraints à la réserve par leur statut au même titre que leurs chefs. En revanche, il est tout-à-fait possible de mobiliser nos retraités (ainsi que ceux d’autres associations « percutantes » comme l’ANOCR par exemple) dans des actions significatives en direction du pouvoir politique. C’est vraisemblablement dans cette voie que nous allons nous engager. Pour être efficaces nos choix doivent être raisonnés et s’inscrire dans un cadre plus large que celui d’un seul organisme. Mi-octobre semble à ce titre constituer une échéance compatible avec ces deux critères: réaction rapide et réflexion collective solide.
Quant au commentaire sur les « généraux silencieux car non menacés», ils comporterait un risque majeur pour nos armées, et donc notre armée de Terre, s’il venait à s’ancrer dans les esprits tel un axiome: une désolidarisation progressive des différents corps, officiers, sous-officiers et militaires du rang, alors que nous sommes embarqués dans le même bateau quels que soient notre rang et notre statut. Nul doute en effet que si nous poursuivions dans cette logique apparente, la règle ne manquerait pas de se généraliser par déclinaison aux colonels (mais ils seront de moins en moins nombreux heureusement!), puis aux capitaines, aux lieutenants et rapidement enfin aux sous-officiers selon qu’ils seraient par exemple de carrière ou sous contrat!
Si nous ne réagissions qu’en fonction d’intérêts personnels réels ou supposés, ce serait la négation même de notre vocation militaire qui s’afficherait aux yeux de tous. Nous rendrions alors d’immenses services à nos technocrates et autres politiciens en apparaissant divisés donc encore plus vulnérables.
Je me souviens à cette occasion d’une remarque faite il y a quelques années par le général Bachelet, alors commandant du CoFAT, à un cadre qui avait manqué de respect à un de ses subordonnés: « Si un jour vous êtes blessé au combat, vous ne savez pas vers qui vous tendrez la main. »
N’oublions pas cette citation et le sens qu’elle donne à notre engagement même dans les « combats » du quotidien.
Suivez l’avancement de ce dossier sur ce blog…et ne lâchez pas la rampe car il n’y a que rassemblés que nous pouvons peser sur les évènements.
…………et on en revient à ce que j’appelais dans un commentaire précédent……….notre pouvoir de nuisance face au politique……on va pouvoir très précisément le mesurer lors de cette (triste) occasion!!!
En effet, si ce gel avait concerné l’ensemble de la fonction publique, il aurait constitué un signal involontaire mais fort des serviteurs de la nation (i.e. les fonctionnaires) pour contribuer au rétablissement des comptes de la nation (restait plus qu’à associer les députés et sénateurs, et le tableau aurait été héroïque!!!). Malheureusement, la cible des seuls militaires semble être la seule que le gouvernement soit capable d’assumer………estimant que ceux ci ne constituent pas son cœur électoral et que leur obéissance est acquise……….pouvoir de nuisance proche du néant (j’aime bien le titre du dernier post de JD Merchet « le ministre de la défense est très très embarrassé » du genre, « désolé les gars, j’vous aime bien, mais là, j’ai pas la main… »
Affaire à suivre!