Interview du chef d’état-major des Armées, l’amiral Édouard Guillaud
(BFM/TV – 01/06/2012)
Calendrier du retrait,
Nous sommes en train d’élaborer un calendrier précis pour respecter strictement ce qu’a annoncé le Président de la République, c’est-à-dire que nous aurons ce qu’on appelle les troupes combattantes, celles qui sont en première ligne, de retour en France pour le 31 décembre et pour un chiffre global de 2 000 hommes.
Sur le calendrier très précis, (…) nous devons tenir compte de plusieurs facteurs. Bien sûr, nous nous coordonnons avec nos alliés et avec les forces afghanes : première chose à faire. Deuxième chose : nous tenons compte de la situation sur le terrain.
Vous savez qu’en ce moment, dans la zone dans laquelle nous nous trouvons, c’est ce qu’on appelle une zone verte, c’est la saison des feuilles. Ça ressemble plus au bocage normand le 6 juin 44 qu’à un désert montagneux. Et donc nous ne voulons pas faire prendre de risques inutiles, évidemment, à nos troupes.
Nous continuons (…) à soutenir les troupes afghanes, et a priori, comme l’a indiqué le Président de la République à Chicago, c’est plutôt à partir d’octobre que nous allons faire le gros du désengagement.
Vous comprendrez que je ne vous donne pas, pour la sécurité des troupes, plus de détails. (…) Les talibans écoutent aussi la télévision française.
Risques et dangers,
Toute période de retrait est forcément compliquée, alors qu’il y a toujours soit des combats – ce qui est le cas aujourd’hui – soit une certaine insécurité. (…)
Pour nous, c’est une véritable opération militaire, au même titre qu’une offensive. C’est simplement une manœuvre de désengagement logistique, mais c’est aussi une opération. Ce n’est pas simplement envoyer des camions, mettre des conteneurs ou des blindés sur des remorques, et rentrer.
(…) Aujourd’hui, vous avez trois modes d’actions pour les talibans : (…) soit les bombes ; ce qu’on appelle les explosifs improvisés qui sont mis sous des ponts, dans des trous ou sur la route ; soit les attentats suicides, soit éventuellement, mais de moins en moins souvent, l’offensive (…) directe, une espèce de guérilla telle qu’on a pu en connaître dans d’autres pays.
Ceci, malheureusement, continue et donc, bien sûr, nous, nous devons faire très attention à ce genre de facteurs, pour protéger nos troupes.
Toute manœuvre de retrait est une manœuvre compliquée, quels que soient le siècle, le conflit et les armées.
Point sur la mission,
En 2001, (la mission) c’était pour lutter contre Al-Qaïda et contre le terrorisme, et donc pour aider à chasser les groupes d’Al-Qaïda d’Afghanistan. Il n’y a pratiquement plus d’Al-Qaïda dans la zone. Il reste des talibans, mais ça c’est une autre affaire.
La mission actuelle a été différente. Elle était d’afghaniser, c’est-à-dire de transférer aux armées afghanes et aux forces de sécurité, police incluse, la responsabilité de la sécurité et de la sûreté d’une zone.
Juste pour vous rappeler, en 2008, il y avait 600 militaires et policiers afghans dans notre zone. Il y en a 6 000 aujourd’hui, entre la Surobi et la Kapisa.
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