Grande force et petites faiblesses
21 06 2012J’ai reçu comme beaucoup d’entre vous, il y a une dizaine de jours, un texte attribué à « un soldat français » présent lors du départ de nos 4 camarades tombés en Afghanistan. Il relevait les « bugs » de la cérémonie allant de la sono qui tombe au cercueil qui bloque dans la soute.
Il n’est pas pour moi question de relayer une polémique facile. Les faits rapportés sonnent tellement vrai dans leur description qu’ils sont certainement réels.
Je comprends aussi la réaction de l’auteur troublé dans son recueillement par ces « détails qui tuent », je l’aurais certainement été à sa place. Il conviendra bien sûr de remédier à tout cela… en espérant que nous ne puissions pas vérifier la mise en œuvre de ces mesures correctives!
Je suis par ailleurs sûr, que le rédacteur de ce billet largement répandu n’a pas omis de faire part de ses remarques à ses chefs directs, les plus à même d’intervenir. La manière dont il s’exprime avec clarté et correction lui aura permis sans aucun doute d’être entendu.
Mais je garde aussi, à distance, l’image ci-dessus qui donne l’impression d’une grande force à côté de ces petites faiblesses. Je pense qu’il est dommage, alors qu’on reproche aux journalistes leur manque de dignité, de contribuer indirectement à ternir le souvenir de nos morts sur la place publique.
Ma réaction à cette information, 11 jours après sa parution est née d’une anecdote racontée aujourd’hui par un camarade lors d’une réunion angevine.
Vous vous souvenez de la mort du dernier poilu! Je fais ici le rappel des cérémonies parisiennes:
Lazare Ponticelli a reçu des obsèques nationales aux Invalides le 17 mars 2008 en présence du président de la République, Nicolas Sarkozy, de l’ancien président Jacques Chirac, des présidents des deux assemblées, du Premier ministre François Fillon et des principaux membres du gouvernement français, ainsi que du ministre italien de la Défense. Son cercueil était porté par onze légionnaires du 3e régiment étranger d’infanterie, héritier du 4e régiment de marche de la Légion étrangèreoù avait servi Lazare Ponticelli. Une messe a été célébrée en l’église Saint-Louis des Invalides, puis les honneurs militaires lui ont été rendus dans la cour d’honneur par la Légion étrangère et un détachement d’Alpini, les chasseurs alpins italiens dans lesquels il avait également servi à partir de 1915.
L’historien Max Gallo a prononcé l’éloge funèbre du dernier poilu : « Homme de paix, modeste et héroïque [...] italien de naissance et français de préférence», en faisant de nombreuses fois référence à l’œuvre de Primo Levi, notamment à Se questo e un uomo, phrase initiant et terminant son discours. Il a été ensuite inhumé, dans l’intimité, au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine. En France, il avait été demandé qu’une minute de silence soit observée dans les administrations et que les drapeaux soient mis en berne à 11 h 00, heure de la cérémonie. »
En termes triviaux on appelle cela « le grand jeu ».
Bref, à l’issue de la cérémonie aux Invalides cet officier général, digne de confiance et qui plus est accompagné de témoins de la scène, remonte l’avenue de la Tour Maubourg en direction de l’esplanade des Invalides. A sa grande surprise, il voit un fourgon funéraire du même type que celui qui venait d’emporter Lazarre Ponticelli stationner isolé sur un embranchement. Ne voulant y croire mais pris d’un doute, nos compères se dirigent vers le véhicule, effectivement vide… de tout équipage mais bien occupé à l’arrière par notre vénérable Lazarre!
Une grande soif avait eu raison de nos croques-morts! Aussitôt prévenu, le Gouverneur de Paris aurait « pris un coup de sang »!
Grandeur et solitude!
« L’après-midi, lors d’une cérémonie nationale dédiée à l’ensemble des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, le président de la République a dévoilé une plaque commémorative dans la cour du dôme des Invalides, non loin du tombeau du maréchal Foch. Il y est inscrit:
« Alors que disparaît le dernier combattant français de la Première Guerre mondiale, la Nation témoigne sa reconnaissance envers ceux qui ont servi sous ses drapeaux en 1914-1918. La France conserve précieusement le souvenir de ceux qui restent dans l’Histoire comme les Poilus de la Grande guerre. »
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