En réponse à « Hussard »
28 04 2012Un lecteur de ce blog souhaitait il y a deux jours (voir billet précédent), pour lui et ses camarades « dolos » -mais je ne doute pas que les officiers des autres origines soient également intéressés- un éclairage sur les origines actuelles du corps des officiers.
Je cite ici l’extrait du 18 janvier 2012 de notre publication interne éponyme du blog (« Alphacom ») destinée aux présidents de groupement et aux correspondants de formation
« A ce jour, les officiers issus de l’EMIA irriguent encore fortement l’Épaulette tant par leur nombre et leur engagement que par leurs traditions. Sans s’inverser à moyen terme, les équilibres internes continuent cependant d’évoluer avec les nouvelles cibles annuelles de recrutement de l’Armée de terre: ESM, 140+15 (GEND); EMIA, 95; OAEA/S,95/15; Rang, 75; OSC/E, 100; OSC/P, 55; OSC/S, 90; Rang CTA, 10; CTA (SD), 10.«
Ces chiffres répondent je pense à la question posée sachant que la répartition des origines en écoles d’arme puis en régiment -en ce qui concerne les officiers du COA (Corps de officiers des armes)- reste à l’image des ratios de recrutement. Ceci demeure surtout vrai pour la population des officiers subalternes, les équilibres évoluant pour les autres grades du fait des parcours professionnels différenciés: cas des contractuels et OAEA par exemple, dont le grade terminal majoritaire reste celui de capitaine.
Un autre élément d’éclairage me semble utile, il est tiré des propos des deux derniers CEMAT (ou de leurs directeurs) à l’occasion des grands rapports de l’armée de Terre (GRAT 2010-2011).
En 2010, ce sont désormais plus de 18 % des « Terriens » qui servent hors de l’armée de Terre proprement dite. Avec en 2011 l’affectation de nombreux militaires au sein des groupements de soutien des bases de Défense ressortissant du commandant interarmées de l’administration et des soutiens, cette proportion des « hors BOP Terre* » augmentera encore. Au terme des réorganisations en cours, en 2014, sur les 126 000 militaires Terre, 32 000 (avec la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris), soit 25 %, serviront à l’extérieur de l’armée de Terre au sens strict du terme, qui (en 2014) comptera désormais dans les rangs de ses formations 94 000 militaires et 9 000 civils.
Ce chiffre de 94 000 « combattants » est à comparer -finale de coupe oblige- à la capacité de grand stade de Saint Denis (81400 places) ou -en référence à la table ronde de la dernière assemblée générale de l’Épaulette- à l’établissement public SNCF (160 000 personnes)!
Espérons que contrairement à ce qu’on observe en mécanique céleste, les éléments tarderont un peu à se mettre en résonance** avec une armée de Terre=1/2 SNCF et tenant ainsi dans le stade de France!
*BOP: budget opérationnel (terme de loi de finance)
**Une résonance orbitale, en astronomie, a lieu lorsque deux objets orbitant autour d’un troisième ont des périodes de révolution dont le rapport est une fraction entière simple.
Tout à fait d’accord avec votre approche sur l’importance des temps de lieutenant et de capitaine. J’ai défendu cette logique devant l’ancien CEMAT et l’inspection: si on considère que la qualité majeure du recrutement interne c’est une aptitude particulière au commandement direct…soyons logique donnons aux officiers de ces origines les compagnies, voire les BOI (pour les brevetés) des régiments de « première ligne ». Malheureusement il y a la logique de discours et la logique de gestion!
L’impossibilité pour les élèves de l’EMIA de pouvoir choisir le régiment de leur choix car il n’est pas dans leur liste, risque de décider les sous-officiers à tenter les OAEA après s’être éclatés en tant que chef de peloton ou de section sous-officier. Car avec l’impossibilité pour les officiers de la filière scientifique de tenter l’école de guerre dans leur spécialité, notre école perd encore en plus sa capacité à attirer si même le major d’application ne peut choisir le régiment de son choix. Exemple cette année aucun poste de semi direct pour l’EEI (NDLR: escadron d’éclairage et d’investigation) à Saumur. Même si les carrières sont différentes ce qui compte c’est avant tout le temps de chef de section puis celui de CDU et surtout où l’on servira avec honneur et fidélité.
Y-a-t-il là le simple effet mécanique de l’évolution des volumes de recrutements ou y voyez-vous une autre raison qui mériterait d’être vérifiée par l’Épaulette?
Malheureusement, en régiment, les officiers de l’Ecole Militaire Interarmes se font de plus en plus rare au profit des officiers sous contrats et des OAEA quand le ratio de Saint-cyriens reste constant. Alors que la formation militaire des officiers issus de l’ESM et de l’EMIA est la même, largement supérieure à celle des OSC, la gestion est tout autre, il n’est pas un corps de troupe qui ne recoive ses officiers cyrard et OSC chaque année, quand les places sont rares pour les officiers IA.