Jeu de mots

Sous la pression des politiques de redressement dont le dernier produit est la RGPP, notre vocabulaire militaire s’enrichit de mots qui font leitmotiv et rythment  nos vies professionnelles.

J’en ai choisi 4 que vous avez tous prononcés (ou cela ne saurait tarder) et qui soulignent la trajectoire singulière de notre armée de Terre (et des autres!) au cours des quinze années écoulées.

1.Refondation: résolution prise en période de vœux (février 1996) et qui consistait à se tirer une première balle dans le pied sans se faire trop mal.

2.Modernisation: preuve que la refondation n’a que blessé la bête et qu’il est nécessaire de ne pas en rester là.

3.Efficience: forme littéraire et compacte du « faire plus et mieux avec moins ». Conduit à épuiser le gibier avant l’hallali.

Dict. C’est la qualité d’un rendement permettant de réaliser un objectif avec l’optimisation des moyens engagés. Il ne doit pas se confondre avec l’efficacité, qui ne mesure que l’atteinte d’un objectif sans précision des moyens utilisés. 

4.Résilience: ressource indispensable pour résister psychologiquement aux effets des trois épreuves précédentes. Ne pas confondre avec les politiques de « l’autruche » ou du « chien crevé au fil de l’eau » qui consistent à ignorer les obstacles.

Dict. C’est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. 

Bonne semaine et…bons « matchs »… ALLEZ FRANCE!

Troisième mi-temps

Les commentaires qui ont suivi le match de coupe du monde France-Tonga ont été pléthore. Un d’entre eux m’a particulièrement intéressé: » Ils ont même raté la 3^e mi-temps« .

Le journaliste et Marc Lièvremont  constataient  que les joueurs s’étaient dispersés en soirée au lieu de resserrer  les rangs « autour d’une ou plusieurs bières« .  Certains auraient même passé cette soirée en petit comité avec leur « agent » (pour négocier quoi?).

Cet individualisme dans la défaite ou l’épreuve collective est tout le contraire d’une saine réaction de combattant meurtri. C’est la marque d’un renoncement, de la perte de toute dynamique du groupe. C’est la porte ouverte à de futures humiliations.

Bien évidemment, mon propos n’est pas de philosopher sur le présent et l’avenir de l’équipe de France. Mon constat est celui d’une certaine similitude avec  une attitude assez généralement adoptée face aux difficultés que traverse notre Défense.

Alors qu’il faudrait faire bloc pour porter avec détermination nos craintes sur notre avenir, on constate que l’esprit de corps –intact en opération- se dilue dans les activités familiales et privées sitôt la pression des engagements relâchée.

La sensation d’impuissance face aux évènements l’emporte sur la recherche de moyens d’action (1).

Je vous renvoie au commentaire d’un assidu de ce blog, que je ne pense pourtant pas manquer de combativité,  qui écrivait le 25 septembre dernier: « L’Armée n’a aucun pouvoir de nuisance envers un homme politique. Les nombreuses interpellations de l’ancien CEMAT…sont restées au final des coups d’épée dans l’eau parce que notre pouvoir de nuisance est nul. Le seul pouvoir de nuisance que l’on pourrait créer détruirait l’esprit de nos armées (je veux parler d’une syndicalisation). On est donc coincés! » 

On est donc coincés! Êtes-vous si sûr? Je pense que la voix et la voie, le recours, que représentent les associations d’officiers ne sont pas à jeter avec l’eau du bain. Elles peuvent représenter une forme acceptable de ce « pouvoir de nuisance » qui semble l’arme absolue. Dans les contacts que nous avons au plus haut niveau et dans le respect de notre éthique d’officier, il n’est en effet pas défendu de rappeler que derrière nous il y a quelques milliers d’officiers d’active qui « frémissent ».

En période électorale, c’est-à –dire presque en permanence aujourd’hui, ces messages ne sont certainement pas aussi inefficaces que d’aucuns semblent le penser. Derrière le CEMAT et le CEMA, nos associations peuvent faire « monter la pression » sous réserve d’être représentatives. 

Les matchs se succédant maintenant à une cadence accélérée, et les combats devenant de plus en plus durs ce n’est certainement pas le moment de tourner le dos aux 3^e mi-temps et à ceux qui tentent de les organiser!

(1) « …dans cette équipe il n’y a pas de transgression, c’est ce qui lui manque pour se sublimer. » (L’Equipe du 3 octobre)

Lettre du CEMAT…saison 2

A titre exceptionnel, la lettre 13 du CEMAT figure dans un billet au lieu d’être dans les brèves. Ce choix tient au fait que cette lettre est la première de notre nouveau « patron » de l’armée de Terre.

Cette continuité en appellera-t-elle d’autres? Le prochain GRAT (grand rapport de l’armée de Terre) du 12 octobre nous apportera de premières réponses.