(Actualisé le 05/06/2011)
Parmi les alibis sur lesquels on s’appuie dans les périodes de restriction, celui de « coeur de métier » continue à faire florès.
Il présente en effet une double qualité. La première est de ne pas avoir de connotation technocratique comme sa consoeur du moment: l’efficience (néologisme contemporain: « efficiency (GB)=efficacité (FR)« , car c’est bien « le maximum de résultats avec le minimum d’efforts et de moyens » que l’on recherche -définition « Larousse » de l’efficacité- en non pas la seule « capacité à obtenir de bonnes performances » que désignerait l’efficience!)
La seconde qui n’est pas la moindre est d’être « parlante ». Le coeur rappelle l’essentiel, le centre de la vie, et si connotation il y a, ici elle est toute de noblesse, presque sacrée. En se concentrant sur le « coeur de métier » on a l’impression de servir une cause, on frôle le mystique. On y met dès lors toute son énergie et parfois toute son âme!
Pourtant cette vision est terriblement réductrice. On oublie que le coeur n’a de sens que parce qu’il irrigue d’autres organes encore plus nobles et tout aussi vitaux.
J’ai toujours le même souvenir qui revient quand j’entends cette expression. En terminale « Sciences expérimentales » (lointain passé), nous vivisections des grenouilles -après les avoir décérébrées- pour en extraire le coeur qui, bien suturé, battait sans problème pendant une bonne heure dans une éprouvette de sérum physiologique. Comment faire mieux comme réduction à l’essentiel…Mais au fait, qu’était devenue la grenouille?
Cette digression printanière m’est suggérée par un courrier récent adressé par un de mes anciens cadres de l’EAG, le Lieutenant-colonel J-M. Y. Vous en trouverez l’essentiel dans la suite de ce billet.
Ce cadre de qualité quitte l’institution après « 35 ans de bons et loyaux services » pour avoir vu le volume de son cours FEXA (formation à l’exercice de l’autorité) passer en un été de 900 heures à 90 heures… »ça ne sert à rien…il faut se recentrer sur le coeur de métier« .
C’est pour être convaincu que pour être un bon soldat il ne faut pas qu’un métier mais aussi du coeur que cet officier tourne aujourd’hui la page un peu avant l’heure.
A méditer… certainement!
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