Protégé : Rendez-vous au cabinet du Ministre
6032011 Commentaires : Saisissez votre mot de passe pour accéder aux commentaires.Catégories : ACTUALITE, INFOS
Cinq adhérents, dont deux membres du CA, ont réagi de manière similaire aux propos tenus lors de l’AG concernant « l’avenir » de l’ENSOA. Nous sommes donc au moins six à partager cette analyse.
A court terme, l’objectif serait d’alimenter le corps des sous-officiers à partir des militaires du rang et cela à hauteur de 70 à 80%. La solution de « directs » formés à Saint-Maixent apparaîssant comme une survivance de la conscription qui ne permettait pas de satisfaire ce besoin sur la base de la seule ressource du contingent. « Aujourd’hui, l’expérience acquise par un EVAT au cours de 4 à 6 OPEX vaut certainement plus que le fait d’avoir fait la queue à la chaîne d’incorporation de l’ENSOA » (sic)…
Considérons cette règle comme un axiome et appliquons la au recrutement des officiers…
Comme membres de l’Epaulette, nous devrions nous réjouir de ses conséquences .
Là où le bât blesse, c’est que cette « logique » porte en elle-même ses limites et ses risques. Une bonne politique RH veut en effet que l’on recrute sans mettre de surenchère sur les critères de niveau général. Sans faire offense à nos camarades EVAT, il serait surprenant qu’on les sélectionne sur des aptitudes « sous-officier », voire « officier », au risque de créer inévitablement des tensions et des frustrations. A partir de là, la chaîne de la promotion interne se brise d’elle-même, sauf à accepter d’avoir des cadres aux capacités techniques peut-être incontestables mais au potentiel limité.
Or nous savons que ce qui fait la force et la réputation de notre encadrement c’est d’avoir été forgé, entre autres, au long des cycles d’éthique et déontologie, de « FEXA » (Formation à l’exercice de l’autorité) (*) mais aussi de culture générale, disciplines qui préparent à l’appréhension pertinente des situations et à la mesure des solutions choisies.
Certes il restera 20% de sous-officiers directs. Quel sera leur parcours professionnel? Seront-ils les « saint-cyriens » des sous-officiers avec le grade de major comme bâton de maréchal hypothétique? Se rueront-ils sur les filières « officier »? Il faudrait pour cela que la tendance observée aujourd’hui s’inverse singulièrement.
Ainsi on constate, sauf erreur d’analyse de ma part, que si l’on s’engage résolument dans cette voie on a de grandes chances d’aboutir à des corps (sous-officiers et officier) à deux vitesses. Or ce système a montré ses limites dans les engagements des siècles passés et conduit à des réformes majeures dans notre système de sélection et de formation. Le corps des officiers d’état-major créé vers 1830 a caricaturé cette dérive et ses dangers au cours des deux conflits mondiaux.
Ecoutons l’histoire…et relisons ce texte du professeur Girardet déjà mis en ligne le 12 décembre 2010.
(*) Un de mes anciens officiers, en poste dans une école du bassin de la Loire, « quitte le dispositif », déçu d’avoir vu passer en quelques cycles le volume horaire annuel de ces disciplines de 800 à 100 heures! Resserrement sur le coeur de métier (?)
De nombreux témoignages et interventions traduisent l’amertume de voir nos morts au combat « négligés » par la représentation nationale et par la population elle-même.
Nous appuyons souvent notre comparaison sur l’exemple des pays anglo-saxons où s’applique une procédure d’ampleur et ont souvent lieu des manifestations spontanées des citoyens, par exemple au passage des convois funéraires. J’ai moi-même cédé à cette indignation dans un billet du 16 janvier lors de la mort au combat du CCH Guinaud. Internet ne manque pas de diffuser ces images, souvent impressionnantes, de mobilisation populaire.
De là à penser que rien n’est fait chez nous, il y a un pas à ne pas franchir. Aussi je remercie le CES DEFIS, président du groupement 65, de m’avoir transmis cette réponse d’un député, monsieur Rémi DELATTE, à une interpellation du général BRETTE.
N’hésitez pas à prendre connaissance de ce texte très précis, propre à modérer des emballements excessifs.
Accompagnement des familles des militaires « Morts pour la France »
Vous trouverez ci-dessous « l’appréciation de situation » et les points d’intérêt portés par l’Epaulette lors des différents rendez-vous accordés au Président. Ce texte « générique » peut être utilisé et sa forme adaptée par les représentants et même les membres de l’association lors de leurs contacts locaux. Il reprend les orientations validées par le CA et votées par l’AG du 5 février dernier.
Appréciation de situation
Les réformes qu’impose l’adaptation de l’outil de défense à ses besoins opérationnels, mais aussi à son cadre budgétaire (« refondation » hier, « modernisation » aujourd’hui), génèrent des tensions structurelles, amplifiées par une « marche forcée », complexes à gérer, à faire comprendre et à accepter.
On atteint actuellement, nous semble-t-il, les limites d’efficacité des seuls discours mobilisateurs auxquels les militaires sont, traditionnellement, assez sensibles : caractère « sacré » de la mission, nature indissociable de l’engagement militaire. La logique binaire du tout ou rien touche ses limites quand elle impose, au quotidien, une abnégation que n’acceptent pas au même niveau d’autres acteurs de la Nation. A trop user de l’éthique pour forcer les passages on risque de la fragiliser.
Les choix offerts aujourd’hui aux gestionnaires sont fortement contraints tant par la RGPP que par le Livre blanc ou encore le nouveau cadre des retraites. Ils se réduisent ainsi, le plus souvent, à des adaptations répondant aux exigences d’un court terme budgétaire là où les priorités devraient découler avant tout d’analyses prospectives des besoins en compétences. Ainsi les recrutements qu’héberge l’Epaulette souffrent de plus en plus du syndrome du « supplétif ». Qu’il s’agisse des recrutements internes précoces (EMIA-CTA), de ceux tardifs (OAEA/S, Rang), des origines contractuelles (OSC), voire de certains cursus directs de volume réduit (CTA), nombre de ces officiers s’interrogent sur les perspectives qui leurs sont aujourd’hui offertes. Ils peuvent même se montrer dubitatifs quand ils en viennent à évoquer la considération qui leur est apportée dans un système RH qui tente de concilier les besoins opérationnels et le maintien de l’attractivité de recrutements directs jugés prioritaires (Saint-Cyriens, Commissaires).
Dans le même temps pourtant, les dangers partagés lors des engagements affirment leur pouvoir « égalisateur » face aux origines statutaires !
Aussi, les préoccupations catégorielles s’expriment avec une plus grande fréquence ainsi que les comparaisons qui en découlent et qui « minent » parfois les comportements.
Les associations comme l’Epaulette, constituent un canal informel de collecte de ces informations. Elles peuvent avoir un rôle de modérateur des tensions, sous réserve d’être entendues et au moins parfois écoutées. Cette place dans le « dialogue interne » n’a aujourd’hui aucune existence, si ce n’est par la mise en place d’outils de communication descendante par les états-majors.
Il nous semblerait utile de conduire une réflexion rapide sur la définition d’un cadre plus formel d’écoute des associations, ainsi que sur le périmètre des responsabilités qu’il est envisageable de leur accorder dans un dialogue interne plus en phase avec les aspirations et les besoins du moment.
Ces points :
Perspectives (re)ouvertes aux recrutements « complémentaires »
Place de la prédestination par l’origine,
Rôle possible des associations dans le dialogue interne,
constituent des sujets que le Président de l’Epaulette aimerait aborder au cours de ce rendez-vous. »