Ligne de vie et ligne de coeur
23 03 2011Le débat, (s’il a lieu d’être si j’en juge par le peu d’écho recueilli par le billet précédent) concernant l’avenir de l’EMIA est pertinent en ce sens qu’il intervient à une date symbolique -le cinquantenaire- et que de ce fait, l’antériorité de l’école permet l’analyse, avec un recul historique, des dérives de notre politique de gestion des officiers. Car au-delà de l’EMIA, vous le percevez bien, ce sont tous les recrutements non directs et contractuels qui « bénéficient » des errements en cours.
Je vous invite à cet instant à regarder le montage transmis par un ami ORSEM et qui figure en page « Lu ailleurs » et via un lien sur le « bonhomme » ci-contre. Son humour cruel mérite le détour et décrit bien l’ambiance dans laquelle nous évoluons ainsi que les limites de la « ligne de vie » de ce système.
L’extrait d’un mail qui m’a été adressé hier apporte un éclairage complémentaire à la démarche à poursuivre.
« …La question qu’on peut se poser – et à laquelle je ne suis pas en mesure de répondre aujourd’hui – c’est de savoir ce qui est vraiment recherché par le commandement et ce qu’on peut faire :
- pour discerner le fond des choses,
- pour réagir, et avec quels arguments et quelles chances de succès,
- dans le contexte actuel, y a -t-il priorité, urgence et opportunité pour ce débat qui touche au fond de la philosophie du commandement de l’armée de terre ?
Il est clair qu’il faut « conduire » la question de l’EMIA car on perçoit bien l’effet direct des choses « en gestion » et « au moral » sur nos camarades mais en intégrant la problématique plus vaste des autres recrutements tout en menant le travail concomitant d’anticipation, de synergie du monde associatif militaire et de communication, car nos adhérents – dont les anciens qui sont parfois « largués » – ont besoin de « sentir » l’action entreprise… ».
Nous ne sommes pas aujourd’hui dans l’ésotérisme mais bien dans une approche complexe de notre avenir. La capacité que nous montrerons à intervenir avec intelligence et pugnacité constituera le meilleur argument au service de nos origines.
N’hésitez pas à employer la voie de ce blog, certains -au départ réticents- »s’y mettent » aujourd’hui. Incitez vos camarades proches « moins câblés » que vous à rejoindre ce chantier. A l’occasion aidez-les dans leurs premiers pas… ou retransmettez leurs avis.
S’agissant de l’EMIA, de son état et de son portage actuel, je partage sans retenue le constat fait par le Président et d’autres intervenants pertinents. A mon sens ce constat, en multi facettes, ne mérite que peu de commentaires en tant que tel tant il me semble factuel, objectif, mesuré et plutôt exhaustif.
En revanche, et c’est là l’essentiel, il débouche sur la vraie question de fond qu’il nous faut maintenent aborder sans tabou ni excès, qu’il s’agisse d’excès de pudeur ou d’excès de récriminations.
La question est : quid du recrutement semi-direct et, dans celui-ci du tuilage aujourd’hui effectif de sa minotrité avec la plus grande partie du recrutement direct ?
La France et son armée (de Terre au moins) ont-t-elles besoin de péréniser ce système ?
Ce système est-il une simple exception culturelle (au regard des autres armées, en France et en international) ou une véritable force dont la disparition affaiblirait notre potentiel humain, et donc de défense ?
Faut-il « défendre » l’EMIA en tant qu’école, avec l’attachement viscéral de ses anciens élèves ou utiliser ce biais pour continuer à promouvoir le recrutement semi-direct précoce?
Faut-il militer pour le retour à une forme de fusion du type ESMIA ?
Comment inscrire tout le recrutement interne et contractuel dans cette logique ?
Un corps de direction est-il une bonne chose pour l’armée de Terre ?
La qualité d’un corps de direction (même s’il n’était pas identifié comme tel) ne gagnerait-elle pas à ce qu’une (grande) partie du recutement direct reste en concurrence de carrière avec une élite – pas seulement symbolique – des autres rectrutements. On parle alors d’émulation avec les meilleurs IA et les plus compétitifs des OSC intégrés, pour ne pas parler d’autres recrutements plus marginaux ?
Et bien d’autres questions. Si nous ne les posons pas, et si nous ne commençons pas à nous déterminer en débattant de ces sujets, je crains que le temps, le lobbying et l’ordre anormal des choses ne fassent leur effet. Et si nous ne le faisons pas, il faut bien réaliser qu’il n’est pas de l’intérêt de quiconque autre de le faire, sauf à ce qu’il soit animé d’un grande vision du service de l’Etat et la patrie.
Et lorsqu’il sera trop tard, qui sait si la France, en définitive, y aura gagné ?