Dérive dangereuse

18 02 2011

derive.jpgA la suite du billet « Mobilisation générale », j’ai reçu quelques appels téléphoniques ou mails de camarades proches dont un me demandant de ne pas « prendre de week-end de repos », mais d’aller plus loin dans ma réflexion.

Dont acte!

Si j’ai utilisé les termes:  » … anesthésie progressive du discernement, enfermement dans des principes parfois manipulés…« , ce n’est pas pour faire un effet de style. Je pense sincèrement qu’il existe un risque à appliquer en tout temps et en toute circonstance des principes qui valent avant tout pour la guerre et qui, imposés au quotidien, finissent par brouiller la vue. La spécificité de notre engagement est reconnue par la Loi qui y apporte logiquement des contreparties: « Les devoirs (que cet état) comporte et les sujétions qu’il implique, méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation. » (Code de la Défense)

L’obéissance pouvant conduire à une forme suprême d’abnégation : l’acceptation de la mort, prend tout son sens dans des conditions, par nature extrêmes, et fait partie de ses sujétions qu’aucun autre corps ne partage avec nous. De là à faire de cette abnégation une règle de vie permanente, il y a un pas que je n’accepte pas (plus?) de franchir. Dire que contester dans la vie courante, c’est contester demain au combat, dire que le « métier » est un coup (coût?) complet qu’on doit accepter comme tel, constituent des dogmes et en portent donc les limites. J’ai la faiblesse de croire que nos soldats, nos sous-officiers et officiers sont moins binaires que le laissent croire ces règles.

Le respect et la considération qu’exigent en contrepartie nos devoirs et sujétions, constituent en revanche des facteurs déterminants d’équilibre des vies professionnelle mais aussi privée. Le principe de « silence dans les rangs » élevé au niveau de l’éthique risque de devenir un chausse-pied qui permet de nous faire entrer dans une étroite coquille. Il rend en ce sens un service inestimable à nos dirigeants -je ne parle pas de nos chefs militaires- en période de RGPP. Je suis de moins en moins certain que ce principe nous protège des rigueurs du temps. Il y a ainsi fort à parier que les dernières recommandations de la Cour des Comptes s’appliqueront avec une détermination toute militaire au sein de notre Ministère et, qu’une fois encore, certains se réjouiront de notre « attitude citoyenne ».

Un précédent CEMAT, le GA Thorette je crois, à moins que ce ne soit le GA Crène, avait demandé que soit respectée la différenciation OPEX – vie en garnison, estimant que la rigueur des unes devait s’équilibrer par une plus grande souplesse de l’autre pour rendre les charges acceptables. Cette reconnaissance de la spécificité du militaire et son respect restent aujourd’hui encore des conditions déterminantes du moral et par conséquence de l’efficacité opérationnelle. Nous sommes assez systématiquement les « bons élèves de la classe », les seuls  »bons points » suffiront-ils longtemps à entretenir cette motivation?

Des portes s’entre-ouvrent aujourd’hui pour donner plus de vigueur à un réel dialogue interne. Ne regardons pas cette fois encore passer le train avec indifférence (même si nous ne payons que le quart de place!)


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Une réponse à “Dérive dangereuse”

  1. 22 02 2011
    lt-Cel (er) Christian LAPAQUE (11:44:56) :

    « information as an asset »

    je dirai même plus, même dans une action de guerre il n’est pas certain que « le silence dans les rangs » soit le plus performant.
    Il ne correspond plus à la sophistication croissante du champ de bataille, il correspondait à une époque où les masses humaines pour augmenter leur puissance de feu devaient « ABSOLUMENT » faire bloc.

    Lorsque le « travail en réseau » (internetworking) se substitue au coude à coude (et même dans l’infanterie! n’en déplaise aux C***) pour faire « tourner » les systèmes plus vite ce partant les rendre plus efficicents, il est fondamental de pouvoir utiliser et conjuguer les efforts du jus de cervelle, que justement les réseaux permettent de faire circuler rapidement.
    Et pour autant l’acte de guerre (qu’accomplissent aussi les soldats sous casque blanc ou bleu dans des conditions encore plus éprouvantes) et la victoire, seront encore et pour longtemps le fruit des abnégations individuelles.
    Voilà le seul défi que nos forces doivent aujourd’hui relever.
    On peut à la fois conserver et cultiver une âme de soldat et s’exprimer librement.
    http://www.logistics-2000-versailles.org/site/framage/bi-enfr/anheuit.htm

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