Qu’en penserait Lyautey?
28 08 2010La période que nous allons traverser jusqu’aux présidentielles de 2012 sera, à n’en pas douter, riche en propositions destinées à faire face aux difficultés que vit et vivra encore la France (pour rester hexagonal). Sans céder à la tentation de nous considérer comme « la » variable d’ajustement –quel ministère n’en représente pas une aujourd’hui?- il faut reconnaître qu’aux yeux de certain(e)s la Défense semble constituer un puits sans fond. Qu’il s’agisse d’économies sous toutes les formes ou d’idées neuves[1] pour « optimiser » l’emploi des moyens (le règne de « l’efficience » n’est pas terminé au risque de voir « l’efficacité » en souffrir), je crains que nous ne soyons qu’au début des surprises. Des propos récents ne sont pas pour me rassurer.
Ainsi, hier soir 27 août, intervenaient sur les chaînes nationales deux « pointures » politiques candidates possibles, à défaut de s’être engagées officiellement, aux prochaines élections présidentielles. Face aux « échecs de la politique sécuritaire », sujet du moment, l’une d’entre elles (Mme Royal, pour ceux qui n’auraient pas écouté ces interviews) proposait de nouveau « l’encadrement militaire des délinquants ». La radio transposant mal les guillemets, j’osai espérer que le terme militaire en comportait et n’était utilisé que pour illustrer un style, un comportement. Je crains ce matin de m’être trompé en relisant dans la presse le texte de cette intervention. Mais peut-être s’agit-il d’une vision contemporaine du rôle social de l’officier? Ceux qui parmi nous ont connu la période des JET (jeunes en équipe de travail) peuvent cependant imaginer ce qu’apporterait une explosion de cette « mission » !
Les officiers que représente et soutien l’Épaulette risquent d’être les doubles victimes de ces évolutions en voyant, après leurs parcours professionnels, la nature de leur métier s’affadir. Investissons, avec nos moyens et dans le respect de nos statuts et obligations, le champ du débat pour rappeler que dans notre cas l’expression « cœur du métier » tire son sens de l’Histoire et non pas des simples conjonctures qui l’ont émaillée. Qu’en penserait Lyautey? (JFD)
[1] Cette expression me rappelle un « classique » de la notation: « Officier qui a beaucoup d’idées justes et neuves. Malheureusement ses idées justes ne sont pas neuves et ses idées neuves ne sont pas justes! »
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